Chronique

William Parker & Hamid Drake

Summer Snow

Hamid Drake (tabla, frame drum, gongs, dr), William Parker (cb, Doson’ngoni, shakuhachi, dumbek, talking drum, water bowls)

Label / Distribution : AUM Fidelity/Orkhêstra

Malgré la mention « Volume 2 », Summer Snow est le troisième album du duo William Parker/Hamid Drake. En 2001, le contrebassiste et le batteur publaient le magnifique Piercing the Veil, qui portait la mention « Volume 1 ». On s’attendait donc à un « Volume 2 »... qui ne paraîtra pas. En 2007, aucun numéro de « volume » n’est indiqué, mais un double CD fait son apparition. Il contient First Communion, extrait d’un concert enregistré à deux jours de son équivalent en studio, le fameux Piercing the Veil, redevenu disponible grâce à ce double CD. Finalement ce dernier signe et scelle la première rencontre entre les deux musiciens : le 1er avril 2000, curieux poisson, pour l’enregistrement de First Communion et le 3 avril 2000 pour l’enregistrement de Piercing the Veil. En somme, Summer Snow est bien le Volume 2 du duo. Un peu alambiqué tout cela !

Au début de leurs échanges en duo, ces musiciens jouaient sur leur instrument « constitutif » - celui pour lequel ils sont connus dans le milieu du jazz. Mais au fil des concerts et des disques, ils ont multiplié l’utilisation d’instruments traditionnels. À en juger par ce Summer Snow et les concerts de ces derniers mois dans les festivals, l’inspiration a tourné au traditionnel, voire au carrément « roots ». D’autre part, les morceaux sont courts - mis à part « Konte » (un peu moins de douze minutes).

Sur les onze morceaux, quatre sont des duos contrebasse/batterie. D’ailleurs en jouant de leur instrument d’origine, les musiciens créent de manière naturelle et instinctive des impros bluesy et mélodieuses qui groovent méchamment. Un peu comme pour faire contrepoids, les improvisations sur instruments traditionnels sont plus bruitistes, parfois lentes et abstraites comme sur le mystérieux « Edge of Everything » ou sur « Anaya Dancing ».

Globalement, tout cela s’écoute aisément, sans oreille brisée ni nœuds au cerveau. L’ensemble est même très agréable ; la prise de son, excellente, sert la qualité du cd. On comprend que des musiciens de cette sensibilité, de cette créativité, de cette ampleur et dont la communication artistique semble être télépathique, souhaitent étendre leurs horizons d’improvisation. Mais pourquoi utiliser des chemins de traverse telles que les structures des musiques du monde sur des instruments traditionnels qu’ils ne maîtrisent pas vraiment ? Si le but est de « faire » de la musique traditionnelle, on est loin du compte.

On ressent comme une béance entre les morceaux groovy, très accessibles, et les morceaux à « sonorités traditionnelles ». Tout D’abord dans la densité des pièces. Lors des duos contrebasse/batterie, le discours est à la fête alors que l’utilisation d’ostinatos le rend répétitif et lassant sur les pièces à instruments traditionnels. Visiblement Parker et Drake ont essayé de se fondre dans un mode, mais ils y ont perdu un peu de la vigueur et spontanéité qui les caractérisent habituellement. Mais telle est est leur manière propre de poursuivre leur exploration artistique... Et dans ce type de projet se cache parfois un diamant caché. Comme disait Leonard Cohen : « Il y a une faille en chaque chose. C’est par là que fuse la lumière ».