Chronique

Yaron Herman Trio

Songs of the Degrees

Yaron Herman (p), Ziv Ravitz (dm), Sam Minaie (b)

Label / Distribution : Blue Note

Au fil d’un parcours qu’il jonche de totems musicaux qui sont comme des réponses à ses remises en question artistiques, Yaron Herman aime revenir à son essentiel, à la difficile simplicité du trio. Comme une occasion de faire un point éclairé sur la créativité que peut encore produire une formule plus dépouillée. Accompagné du fidèle Ziv Ravitz à la batterie et de Sam Minaie à la basse, le pianiste s’offre pour commencer une formation inspirée et inspirante.

L’album est le témoignage d’un instant capturé. Les trois hommes bavardent, boivent quelques verres, et soudain décident d’aller jouer d’une traite le répertoire sur lequel ils travaillent, comme en concert. C’est cet instant qui a fait le disque, à l’exception du titre « Shadow Walk », issu d’une autre prise. La spontanéité du moment a conduit à un résultat dont les musiciens sont les premiers surpris : un album maîtrisé, hors du temps et d’une grande beauté.

On a coutume d’entendre que le choix du trio impose aux musiciens de jouer davantage, de remplir l’espace. Ce trio-là prend le pari inverse, ose aérer son jeu, et invite le silence dans sa prose. Songs of the Degrees est à prendre non comme une suite, mais comme un puzzle fait de multiples pièces d’émotions. Onze compositions qui semblent être nées d’un fredonnement, pour aboutir à des chansons instrumentales. Plus qu’une pause momentanée, Yaron Herman voit dans ce disque un nouveau chemin pour lui, et s’enthousiasme déjà de la suite à y donner. On le suit volontiers.