Scènes

Federico Casagrande trio au Périscope

Baptême de l’air pour la nouvelle production du guitariste.


Photos © Christophe Charpenel

C’est au Périscope de Lyon, le 11 mai dernier, que le trio conduit par Federico Casagrande a joué pour la première fois en public les compositions de son dernier album Fast Forward, paru en avril chez Cam Jazz. Accompagné pour l’occasion du batteur Ziv Ravitz et du contrebassiste Simon Tailleu, le guitariste nous prévient : « Nous allons vous jouer tout l’album, comme ça si vous avez envie de l’acheter, vous saurez ce que vous achetez ».

Et en effet, l’atmosphère si particulière du disque, à la fois aérienne et pénétrante, ne tarde pas à se répandre dans la salle. Elle est ici décuplée par l’énergie du live, dans une interprétation claire et subtile. Il se dégage une simplicité, une vitalité, un certain abandon qui évoque l’enfance, la joie de faire pour la première fois. En quelques minutes, la salle se laisse aller et entre dans le jeu. On se retrouve alors dans cet état particulier du voyage, où les paysages défilent tandis qu’on est bercé par le mouvement d’une musique toute en nuances. Profonde, parfois mélancolique, mais jamais grave. La complicité évidente qui unit ces trois musiciens, et la joie qu’ils prennent à être ensemble concourent à la beauté qui se dégage et qui emplit la salle. Entre eux, les échanges se succèdent, se superposent parfois, différentes intentions se rejoignent comme sur « Sweet Power », où la guitare vient se placer, légère, sur une section basse/batterie solide et énergique, et le tout fait sens. Federico Casagrande prend parfois le temps d’une pause et confie à l’auditoire la genèse d’une composition, donnant une clé de lecture de la musique qui est proposée.

Federico Casagrande

Concentré sur sa Telecaster un peu à la façon d’un guitariste classique, il en extrait des phrases musicales ingénieuses, à la fois riches et directes, et qui laissent aux deux musiciens qui lui donnent la réplique une liberté de ton et de parole qu’ils utilisent à merveille. L’extraordinaire batteur Ziv Ravitz est sans aucun doute l’homme de la situation pour restituer en termes de pulsations le propos initié par Federico Casagrande dans ce projet. Alternant un jeu rock et ouvert sur « Nantong » - un titre inspiré d’une aventure surréaliste en Chine - avec un jeu plus effleuré et subtil sur le très émouvant « Step by Step », le batteur fait taper du pied le public du début à la fin du concert. Simon Tailleu, compagnon de route de longue date, développe un jeu de contrebasse à l’attaque prononcée, sur une batterie qui lui sert de socle pour entrer en résonance avec une guitare qu’il connait bien. Les accords qui introduisent « Step by Step » - décidément, ce morceau ! - en sont une belle démonstration.

Federico Casagrande terminera la soirée par un rappel, avec un titre en solo, comme pour nous inviter à une dernière balade avant de se quitter. Un concert enjoué, généreux, émouvant, qui place la beauté partout. On veut garder cette émotion avec soi le plus longtemps possible. Il nous reste désormais le disque, l’album du souvenir, pour repartir en voyage aussi souvent que possible.

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