Tribune

La Jazz Hotte 2018

Non seulement c’est Noël, mais c’est décembre.


Aussi, chaque année, Citizen Jazz est là pour aider les chercheur.euse.s de cadeaux à tendance jazz pour l’être aimé qui — y en a vraiment, j’vous jure ! — se passionne pour cette musique et son univers impitoyable.
L’année 2018, rimant avec gratuite, nous vous offrons une kit de survie pour passer Noël, les étrennes et faire plaisir aux Capricornes.

De quoi lire, sûrement ?
Voici quelques ouvrages à lire au coin du feu à condition d’avoir une cheminée.

Dans un premier temps, revenons sur Monk et Pannonica et la magnifique bande dessinée signée Youssef Daoudi, Monk ! présentée dans cette chronique. Un cadeau pour les amateur.rice.s de bulles et de swing.

Un autre géant du jazz est à l’honneur, aux éditions Castor Astral, c’est John Coltrane. Avec une préface d’Archie Shepp, le livre John Coltrane, l’amour suprême est signé Franck Médioni, un serial-auteur. Attention, il ne s’agit pas d’un digest quelconque sur le saxophoniste mais bien d’une biographie singulière, émaillée d’entretiens inédits réalisés par l’auteur. D’une part, le livre en français ne souffre donc d’aucune approximation de traduction et d’autre part, il se lit avec fluidité. Ses premiers pas, les rencontres avec Miles Davis et Thelonious Monk, la rupture harmonique et stylistique de Giant Steps, le mysticisme de A Love Supreme et les portes ouvertes sur des mondes inexplorés sont les thématiques du livre. « La musique comme chemin d’absolu » me glisse Medioni dans sa dédicace, c’est tout à fait ça et ça coûte 20 €.

Toujours au rayon « Géants du Jazz », les éditions Parenthèses rééditent de nouveau l’un des best sellers du genre, l’autobiographie enflammée et inflammable du contrebassiste Charles Mingus : Moins qu’un chien, parue en 1971 et traduite par Jacques B. Hess. Un must have, à 12 €.

Et comme la vie est bien faite et cet article didactique, voici un dernier livre chez Parenthèses (encore), présentant des photos de Christian Ducasse et des textes de Franck Médioni (encore). C’est le poète Jacques Réda qui signe la préface de Dreaming Drums, le monde des batteurs de jazz. Superbe ouvrage à la croisée du jazz, de la photographie et de la batterie. Le grand format (24*22,5 cm pour 34 €) permet une mise en page riche et graphique, grâce à laquelle sont disposés textes et photos, dans un (dés)ordre joyeux et généreux. De nombreuses citations de batteurs viennent ponctuer le texte de Médioni, une prose en éclats, mélange d’histoires et de l’histoire de la batterie. Surtout, ce qui rend ce livre attachant, c’est le mélange de batteurs américains et européens, de batteuses, de générations… Enfin, on passe de Max Roach à Anne Paceo et de Cindy Blackman à Buddy Rich. Merci.


Pour les propriétaires de vidéo-projecteurs, la société La Huit continue de sortir des DVD sur des musicien.ne.s de jazz vivants. Quelle idée généreuse.

Les trois derniers volumes sont consacrés à
Sylvain Rifflet, avec deux films : Mechanics, un film de Guillaume Dero, une captation du concert de ce groupe au Paris Jazz Festival et Perpetual Motion, a Celebration of Moondog, un film d’Arthur Rifflet, une captation du grand projet en hommage à Moondog, au festival Banlieues Bleues.

Francesco Bearzatti, un Italien très français, est filmé ici avec son quartet Tinissima dans deux projets différents. This Machine Kills Fascists, un film de Stéphane Jourdain enregistré en concert à Banlieues Bleues et Suite for Tina Modotti, un film de Guillaume Dero enregistré en concert à Sons d’Hiver.
Andy Emler, avec un concert du MegaOctet au Paris Jazz Festival filmé par Stéphane Jourdain augmenté d’une piste commentée par le chef d’orchestre, qui revient sur son groupe, le concert et sa vie.
Il est notable qu’une société de production continue de se battre pour capter des concerts en vidéo et de laisser ainsi des archives de qualité pour les futurs archéologues, chapeau.


Enfin, pour le plaisir des oreilles, bien sûr, voici trois références qui feront de parfaits cadeaux d’anniversaire.

Erroll Garner, Nightconcert. Mack Avenue et Octave Music proposent la version complète du concert du pianiste Erroll Garner (en trio avec Eddie Calhoun à la basse et Kelly Martin à la batterie) au Royal Concertgebouw d’Amsterdam le 7 novembre 1964. La bande complète et restaurée n’avait jamais été éditée. C’est du pur Garner, fluide, inventif, roboratif. Seize chansons, seize standards dont trois titres signés du pianiste. Convient à tout le monde, même aux fameux « qui n’aiment pas le jazz ».

The Indispensable Aretha Franklin. Intégrale 1956-1962.
La disparition, cette année, de la chanteuse a fait les gros titres du monde entier. Frémeaux ne se laisse pas impressionner et, comme à son habitude, propose des intégrales, par séries. Ici, le premier volume comprend les premiers enregistrements gospel de Franklin, âgée alors de 14 ans. Les deux CD courent jusqu’au dernier disque chez Columbia en 1962, juste avant la signature chez Atlantic qui fit d’Aretha Franklin la reine de la soul.
Attention, cadeau à fragmentation, qui oblige (ou permet) d’offrir les volumes suivants.

Dreyfus Jazz, son label de 1992 à 98, publie un coffret Michel Petrucciani. Il rassemble tout le matériel disponible, en douze CD qui présentent les solos, les duos avec Eddy Louiss, ses groupes internationaux… ainsi que trois DVD de concerts et reportages. Une somme à prix d’ami car le coffret ne contient que des pochettes cartonnées, la musique et c’est tout.


Enfin, si vous avez commis la folie d’avoir procréé récemment, le groupe suédois Oddjob récidive avec Jazzoo, son programme pour enfants à succès (le programme, pas les enfants). Ce nouveau tome s’intitule « Be Zoo Jazz » et se passe dans un zoo, où des animaux en cage sont illustrés musicalement. C’est édité chez Le Label dans la forêt, pour les 3-6 ans, à 17 €. On fait parfois un drôle de métier.