Chronique

Aaron Goldberg

The Now

Aaron Goldberg (p), Reuben Rogers (b), Eric Harland (dm)

Label / Distribution : SunnySide Records

Certains ont découvert le trio d’Aaron Goldberg d’une étrange façon : leur « OAM’s Blues » figure parmi les morceaux déposés automatiquement par Microsoft dans le dossier « Ma Musique » de Windows Vista. Les autres connaîtront peut-être au moins ses protagonistes pour les avoir entendus aux côtés d’innombrables figures de la scène contemporaine américaine : Aaron Goldberg a été le pianiste d’un des quartets de Joshua Redman ; Reuben Rogers et Eric Harland forment la rythmique du dernier groupe de Charles Lloyd.

The Now, leur cinquième album, s’inscrit comme les précédents dans une veine post-bop suffisamment sûre de sa virtuosité pour préférer le raffinement du style aux démonstrations techniques. Depuis le temps qu’ils se connaissent, ces trois-là ont eu le temps d’arrondir les angles et de mûrir leur propos : qu’ils choisissent de reprendre Chico Buarque (« Trocando em Miúdos ») ou Charlie Parker (« Perhaps »), leurs couleurs sont tamisées, les complexités internes - subtils décalages rythmiques dans l’exposé du thème de « Perhaps » - souvent camouflées au profit de la fluidité du développement mélodique.

Aaron Goldberg explique que The Now se veut un hommage à l’instant présent et à tout ce qu’il contient d‘unique et de non reproductible, en particulier pour le musicien improvisateur. Un présent que le trio préfère donc explorer sans urgence, mais dans une quiétude parfois quelque peu assoupie.