Cinq ans après son duo avec Louis Sclavis, sur Yokohama et à Jazz in Arles en 2010, la pianiste japonaise retrouve le clarinettiste français ; ils sont rejoints par Dominique Pifarély au violon et Vincent Courtois au violoncelle. De quoi, en effet, chambouler La Planète – nom du groupe –, et notamment la planète jazz.
Flying Soul…Rien à voir avec la soul, mais l’âme peut quand même s’envoler et atteindre les plus beaux sommets. Le piano ou le célesta mènent la troïka, planante en effet, selon des tessitures très boisées : le premier morceau s’intitule « In the Woods ». On chemine entre effluves perlés du clavier et ponctuations subtiles des comparses puis on touche à nouveau la terre ferme, la dénommée Planète, via un morceau de près de dix minutes. Mais en fait de fermeté terrienne, on s’immerge dans une autre rêverie, une élégie, dirait-on en milieu classique.
Aki Takase a composé quatorze de ces quinze morceaux ; on ne trouve donc plus ses odes à Monk, Dolphy, Ellington, Fats Waller, Jelly Roll Morton ou James P. Johnson, revisités naguère dans un trouble jeu d’audace et de respect. Aurait-elle accompli son tour de Planète ? Ce qu’on appelle une révolution, au sens astronomique, et englobant la musique des sphères, ses silences et des mystères. Une sorte de cosmologie sonore.