Chronique

Anthony Braxton

Quartet (Dortmund) 1976

Anthony Braxton (anches), George Lewis (tb), Dave Holland (b), Barry Altschul (dm, perc)

Label / Distribution : Hat Hut

Ce concert au Jazzfestival jazz Life de Dortmund le 31 octobre 1976 marque, après le festival de Moers (temple de la modernité des années 70) l’arrivée de George Lewis âgé de 24 ans au trombone, succédant au trompettiste-bugliste Kenny Wheeler. « C’est le nouveau Jay Jay Johnson » aurait déclaré Anthony Braxton. Et l’on n’est pas loin d’être convaincu.

Poussée par la paire Dave Holland-Barry Altschul, la formation carbure à un régime parfait et une gaîté communicative certaine dans une entente interactive plus que cordiale.

Parmi les compositions, on doit signaler « Composition 40 B », qui sera reprise fréquemment par la suite, que ce soit à Bâle (1977) ou à Willisau (1991), et chaque fois renouvelée. Selon Graham Lock, rédacteur de nombreux textes de présentation pour HatOlogy, « Composition 40 B » serait dédiée à Lou Donaldson. Cela ne relève pas du goût du paradoxe. Le panthéon d’altistes braxtonien comprend aussi Lee Konitz et Paul Desmond. Ici, comme par ailleurs les références à Warne Marsh, il ne s’agit pas d’un hommage animé par l’esprit de célébration, mais d’une prise en compte de la dimension historique du jazz, avec ses continuités et ses ruptures. La modernité n’est pas la génération spontanée mais un apport de plus-value artistique.

Ce concert de Dortmund de 1976 confirme, dans l’itinéraire d’Anthony Braxton, la bifurcation amorcée au début de la décennie 70 avec les enregistrements ECM, Circle-Paris Concert et Conference Of The Birds, en s’éloignant de l’esthétique AACM. Ekkehard Jost l’avait perçu, revenant sur ses réticences à l’égard des premiers enregistrements d’Anthony Braxton, rajoutant en catastrophe une note dans Free Jazz, éd. Outre Mesure, trad. Vincent Cotro, 2002, p. 196.