Scènes

Bex – Bearzatti – Goubert : l’éclatant trio

Du grand art. En préambule d’A Vaulx Jazz 2010, l’Iris de Francheville avait invité pour un soir un trio peu ordinaire, emmené par Emmanuel Bex et soutenu par Francesco Bearzatti et Simon Goubert. Orgue – saxophone - drums. Une alliance d’instruments peu banale construite, thème après thème, par les trois musiciens détonnants pour ce « Trio Open Gate ».


Du grand art. En préambule d’A Vaulx Jazz 2010, l’Iris de Francheville avait invité pour un soir un trio peu ordinaire, emmené par Emmanuel Bex et soutenu par Francesco Bearzatti et Simon Goubert. Orgue – saxophone - drums. Une alliance d’instruments peu banale construite, thème après thème, par les trois musiciens détonnants pour ce « Trio Open Gate ».

En préambule d’A Vaulx Jazz, l’Iris de Francheville avait invité pour un soir un trio peu ordinaire, emmené par Emmanuel Bex et soutenu par Francesco Bearzatti et Simon Goubert. Orgue – saxophone - drums. Une alliance d’instruments peu banale construite, thème après thème, par les trois musiciens détonnants pour ce « Trio Open Gate ».

Le résultat d’une année de réflexion commune qui a débouché sur un album du même nom [1] et a, surtout, produit une œuvre au ressourcement perpétuel.

E. Bex © H. Collon

Première surprise, les étonnantes alliages musicaux issus de l’orgue. Tendu sur son Hammond, Bex ne cesse enn effet de lui extorquer des palettes de sons inhabituelles, sourdes lignes de basses qui viennent fixer le cadre du thème ou joyeuses fioritures qui s’emmêlent avec grâce avec le sax ou la clarinette. Cet orgue est un monde en soi, capable des plus beaux chuchotements ou des emballements les plus crânes.

Près de lui, Simon Goubert, qui signe l’introduction du concert avec un « It’s Open » parfaitement calibré : le batteur sait placer son ensemble de percussions (magnifiquement sonorisé) à la dimension nécessaire pour que cette musique réussisse à dessiner une fresque musicale haletante. Et on peut évidemment compter sur Francesco Bearzatti pour doper encore la rencontre : ses éclats de sax sont un écho constant à l’orgue qui lui fait face. A eux deux, ils tissent pour des oreilles « médusées » un édifice musical d’une étonnante finesse.

F. Bearzatti © H. Collon

Pour l’essentiel, le trio reprend les compositions d’Open Gate. Mais l’ensemble prend sur scène une dimension que ne saurait atteindre l’album. Comme si, depuis l’enregistrement, les trois compères en avaient profité pour repousser les murs, jouer toujours plus avec le consensus de départ afin de créer un moment musical inouï.

Enfin, loin de s’en tenir à un concert bien homogène, le trio prend un malin plaisir à sauter de rythmes en époques, multipliant les citations, plongeant quelques mesures dans un simili hard-bop pour repartir de plus belle dans l’exploration - sans jamais se fixer la moindre contrainte. Tour à tour, chacun des trois s’installe ainsi au cœur de la mêlée : les interventions de Goubert ne cessent de monter en qualité, poussant ses deux acolytes à s’affranchir à leur tour. C’est ce sentiment grandissant de pleine liberté qui emporte de plus en plus l’adhésion ici. En maître, Bearzatti, grand sax italien passé maître dans l’art du trio, n’a de cesse de pousser ses instruments dans leurs retranchements, amenant surtout son sax dans des contrées peu explorées.

S. Goubert © H. Collon