Chronique

Collectif Spatule

Le Vanneau Huppé

Chloé Cailleton (voc), Pascal Vandenbulcke (fl), Gweltaz Hervé (sax), Emilie Chevillard (hrp), Fabien Ewenczyk (g), Stéphane Oster (cello), Remi Allain (b), Gabor Turi (dms, voc), Florian Chaigne (dms)

Label / Distribution : Aloya Music

Bienheureux les Nantais, qui vivent dans la profusion. Des compagnies aux collectifs, des labels aux festivals, on dirait que tout respire le jazz alentour. Le dernier fruit de cette effervescence se nomme le Collectif Spatule ; la musique correspond à merveille au nom qu’il s’est choisi : outil fonctionnel dont on se sert pour remuer les ingrédients d’une mixture travaillée. Il amalgame ici deux formations en une seule et visite joyeusement nos musiques avec une certaine gourmandise. Elle s’incarne dans l’élégance outrancière et chamarrée du Vanneau huppé, sympathique volatile des marais. C’est sensible avec « Fabulous », morceau inaugural où, après les circonvolutions du saxophone de Gweltaz Hervé, la flûte espiègle de Pascal Vandenbulcke croise la harpe d’Emilie Chevillard ; chronique d’une rencontre entre un membre du quintet La Baronne Bleue et la harpiste du quartet Colunia.

Ce n’est pas l’instrumentarium qui crée la surprise dans le mariage de neuf musiciens - avec la voix de Chloé Cailleton, qu’on est heureux de trouver dans cette aventure. On songe à Orioxy, notamment sur « Réminiscence ». Le vanneau, bien campé sur la solide passementerie de cordes où s’ajoutent le guitariste Fabien Ewenczyk et le violoncelliste Stéphane Oster, siffle à pleins poumons toute sa joie d’être libre, appuyée par la rythmique tapageuse de Gabor Turi et de Florian Chaigne, déjà aperçu dans le Julien Vinçonneau quartet. Bien que ce double orchestre soit assez atypique, Le Vanneau Huppé conserve une agilité déconcertante et une légèreté qui sied parfaitement à Chloé Cailleton. « Cimes », un texte de la poétesse ligérienne Valérie Rouzeau, offre un terrain de jeu où la scansion et les arrangements minutieux sont entièrement dédiés à la divagation.

Réunir différents groupes dans un projet commun n’est pas toujours chose aisée. Il faut de la complicité et une écoute mutuelle à son paroxysme. Tel Le Vanneau Huppé, qui a besoin d’une paire d’ailes pour s’envoler et ne peut se laisser enfermer dans aucune cage, le Collectif Spatule a déniché le moyen de rester uniforme tout en ne rejetant rien de l’esthétique des orchestres. Le résultat est coloré et insouciant, comme tous les oiseaux de bonne augure.