Entretien

Evi Filippou, libre et engagée

Portrait de la vibraphoniste grecque, installée à Berlin.
Profile of the, Berlin based, Greek vibraphonist.

Evi Filippou © Fabio Dondero

Elle fait partie de ces musicien.ne.s européen.ne.s qui s’affranchissent des frontières et des styles. On la retrouve dans des projets différents, aux esthétiques variées mais exigeantes. Sa maîtrise des percussions, en particulier le vibraphone, héritée de l’apprentissage classique, en fait une redoutable artiste à l’aise dans toutes les situations musicales. Pour Citizen Jazz elle se livre sur son parcours et en profite pour mettre au point quelques pensées sur le monde de la musique actuel.


She is one of those European musicians who cross borders and styles. She performs in various projects, with different but challenging aesthetics. Her mastery of percussion, the vibraphone especially, inherited from her classical training, makes her a formidable artist at ease in all musical situations. She talks to Citizen Jazz about her career and gives some of her thoughts on the music world today.

Version en français


Evi Filippou fait partie de l’orchestre BTHVN Six de la saxophoniste Angelika Niescier qui explore la musique des Quatuors à cordes de Beethoven. Dans ce groupe, Evi Filippou partage le pupitre des deux vibraphones avec Christopher Dell, c’est dire le niveau. On la retrouve dans plusieurs séries de duos, avec Katerina Fotinaki, Hayden Chisholm etc., mais aussi en solo.
Elle fait aussi partie de DAHLGREN, un groupe de chansons teintées de blues et de rock, à la musique libre. On y retrouve notamment Chris Dahlgren à la viole de gambe et Alfred Vogel à la batterie. Enfin, c’est comme leader que la vibraphoniste dirige le quintet InEvitable (on apprécie le jeu de mot). Evi Filippou compose là des pièces inspirées d’une certaine mélancolie égéenne et va jusqu’à reprendre la très belle chanson « To nisi mou » de Fotis Siotas & Thodoris Gkonis. Mais la jeune femme est également active sur la scène berlinoise et fait partie de l’équipe qui a monté le festival Bitches Brew, elle nous en explique la genèse et plante quelques banderilles dans l’échine des vieux machos qui traînent encore dans le monde de la musique…

Evi Filippou © Cristina Marx

- Pourquoi avez-vous quitté la Grèce pour vous installer à Berlin ?

Pour étudier la musique. Je n’ai jamais vraiment voulu quitter la Grèce, je n’étais pas du tout une jeune Grecque rebelle qui rêve de vivre à l’étranger, mais à 15 ans, j’ai assisté à une masterclass en Autriche et j’ai réalisé à quel point le niveau était élevé en Europe centrale. Mon professeur de l’époque avait également étudié en Allemagne, il m’a donc encouragée à partir ; mes parents m’ont aussi beaucoup soutenue - cela ne va pas toujours de soi, en Grèce comme ailleurs - et c’est presque par hasard que j’ai atterri à Berlin. Dieu merci !

- Quel souvenir gardez-vous de vos études à la Hanns Eisler School ?

Hmm. Être débordée en permanence et se dépasser chaque jour. Des heures de répétition interminables, l’apprentissage de l’allemand, la rencontre de milliers de personnes, la lutte contre le sexisme, l’écoute d’une musique classique extrêmement bonne, la tentative de s’en sortir et de s’intégrer en même temps.

- Quel genre de sexisme ? Et quelle est votre opinion personnelle sur le fait « d’être une femme qui joue de la musique » aujourd’hui ?

Je veux dire que parfois le monde de la musique se rapproche du moyen-âge, et les études musicales sont comme être à une fête pour hommes des cavernes : d’un côté, une bande d’hommes qui ne sont pas capables de gérer les femmes qui font la même chose qu’eux et qui, peut-être, apportent une autre qualité au jeu. Pas meilleures, mais différentes. (Notre société ne sait pas gérer la différence. C’est exaspérant.) Et de l’autre, un groupe de femmes qui essaient d’exister et qui parfois soutiennent tout autant ce système dysfonctionnel.

Tout était trop poli à l’école, je voulais quelque chose de plus brut


J’ai souvent eu l’impression qu’on attendait moins de moi, que tout le monde était surpris quand je jouais bien, comme si c’était complètement paranormal, que je ressentais de la condescendance et que je devais accepter tous ces commentaires sur mon apparence et mes vêtements plutôt que sur ma façon de jouer et ma pratique. Ridicule, vraiment.
De plus, lors des soirées d’après-concert, vous devez toujours surveiller vos arrières, vous assurer qu’aucun professeur ivre ou autre ne va essayer de vous draguer ou de draguer une autre fille de 19 ans présente dans la salle. J’ai arrêté de sortir avec ma classe très tôt à cause de ça.

- Comment avez-vous découvert le jazz et la musique improvisée ?

Très tôt dans mes études, j’ai réalisé qu’il ne me suffisait pas de jouer de la musique écrite. Je cherchais quelque chose, un moyen d’exprimer plus de moi-même et de sonner plus comme je le sens. En Grèce, j’ai eu la chance de rencontrer Hayden Chisholm et Chris Dahlgren. Tous deux vivant en Allemagne à l’époque, ils m’ont immédiatement donné la chance de jouer avec eux et d’essayer des trucs. En même temps, comme je me sentais un peu dépassé par le très classique Hanns Eisler, j’avais besoin de quelque chose de complètement différent pour me changer les idées. J’allais donc à des concerts de musique improvisée et de jazz toutes les semaines, parfois même tous les jours, juste pour avoir un peu de crasse, de fraîcheur et, je l’espère, de vérité en moi. Tout était trop poli à l’école, je voulais quelque chose de plus brut pour équilibrer le tout.

Evi Filippou © Markus Lackinger

J’ai toujours aimé le jazz, j’en écoutais et à un moment donné, je me suis dit « pourquoi je ne pratique pas ça ? ».
Et une chose en entraînant une autre, j’ai commencé à prendre des cours, à rencontrer des gens, à essayer des choses, à faire des recherches, toujours en quête, toujours en recherche, j’ai toujours l’impression d’être au tout début de tout . La seule différence, c’est que j’ai commencé à chercher avec d’autres personnes.

- Comment abordez-vous vos concerts en solo ?

J’essaie de me réapproprier mes instruments, toujours les vibraphones et les percussions, et de voir ce qui se passe.
Un sculpteur m’a dit un jour que son processus consistait à enlever ce qui ne faisait pas partie de la pièce et c’est ce que je ressens la plupart du temps. Voir ce qui est là et se débarrasser du superflu. Chaque fois que je prépare un solo, j’ai l’impression de me débarrasser de beaucoup de choses et de faire la lumière sur ce que je suis réellement. Du moins à ce moment-là. C’est toujours un défi, mais c’est aussi merveilleux.

- On dirait la phrase de Saint-Exupéry : « La perfection est atteinte, non pas lorsqu’il n’y a plus rien à ajouter, mais lorsqu’il n’y a plus rien à retirer ». Vous êtes d’accord ?

C’est très beau, en fait. Oui, je suis d’accord.

- Dans les groupes de musique, vous pouvez être aussi bien au vibraphone qu’aux percussions et même au chant, quel autre instrument pourriez-vous jouer également ?

Je suppose que c’est à peu près tout. Je joue un peu de piano pour mon propre plaisir et parce que c’est un instrument divin mais c’est tout.

J’aime jouer de la batterie et du vibraphone et changer en permanence. Ça me permet de rester éveillée et fraîche.


- Vous composez pour votre quintet InEvitable, de quelles compositions s’agit-il ?

Il me semble que j’ai commencé à composer et à arranger pour me rapprocher de moi-même et recréer cette chaleur et cette excitation que je ressens lorsque je suis en Grèce. Je suis passée par beaucoup de phases de romantisme et de nostalgie à l’égard du pays où j’ai passé mon enfance. Je veux dire que c’est un endroit magnifique et le fait de partir l’a rendu encore plus beau puisque je n’ai pas eu à y passer ma vie d’adulte, je n’ai pas eu à faire face à toutes les choses dont mes amis et ma famille se plaignaient toujours, donc pour moi c’était juste un endroit chaud et ensoleillé avec des gens aussi bruyants que moi, ma famille, la mer et tout le reste.
Et vivre dans un environnement tout à fait opposé m’a donné un tel mal du pays que j’ai dû faire quelque chose pour y remédier. Donc la plupart des premiers morceaux sont inspirés par des mélodies traditionnelles et folkloriques grecques.
En ce moment, je suis en transition. J’ai envie de dire d’autres choses. Je veux rappeler au monde que nous sommes tous les mêmes, que nous naissons et mourons, que nous aimons, que nous sommes heureux et tristes, que nous venons de nulle part et que nous sommes les jouets du temps et de notre esprit. On verra ce que ça donne.

- Que se passe-t-il pour vous sur scène avec le groupe Dahlgren ?

Je connais Chris depuis un certain temps maintenant et le reste du groupe aussi, donc quand nous montons sur scène, c’est un endroit sûr et chaleureux pour jouer. J’aime jouer de la batterie et du vibraphone et changer en permanence. Ça me permet de rester éveillée et fraîche. De plus, j’aime vraiment la musique et les textes de Chris. Ce sont de bons moments.

InEvitable Quintet

- Quelles sont vos relations musicales avec Katerina Fotinaki et Cansu Tanrikulu ?

Katerina Fotinaki et moi nous sommes rencontrées en Grèce et nous avons immédiatement accroché. Toutes deux fascinées par le rythme, les mots et les grandes chansons, nous avons commencé à travailler ensemble, avec beaucoup de répétitions, de recherches, d’essais, de jeux, tout en étant en France - qui est vraiment un monde à part. Je suis très reconnaissante pour cette collaboration, j’ai vraiment beaucoup appris. Le Covid nous a empêché de tourner et de continuer, nous venons juste d’enregistrer quelque chose pour mon prochain album, nous verrons ce que l’avenir nous réserve.
Cansu Tanrikulu, je l’aime et l’admire tout simplement. C’est une reine et j’ai tellement de respect pour ce qu’elle fait. J’ai eu la chance de partager la scène avec elle aux Leipziger Jazztage cette année et c’était merveilleux. J’ai hâte de refaire quelque chose avec elle.

- Pourquoi dites-vous que la France est un monde à part ?

La France est l’un des rares pays riches que j’ai visités, où les gens aiment aussi s’amuser. Bien manger, bien boire et avoir une vie agréable. De plus, par rapport à l’Allemagne, il existe une scène de world music de très haut niveau.

Un peu plus de femmes et de queers impliqué.e.s…


- Parlons du Bitches Brew Festival. Quel est le but de ce festival et qu’en est-il de la prochaine édition ?

À l’automne 2020, j’étais dans ma chambre d’hôtel à Amsterdam et je regardais un débat entre des musiciennes de jazz basées à New York. Une fois de plus, j’étais furieuse et déçue de la situation et des problèmes que des musiciennes incroyables doivent encore affronter. J’étais sur le point de demander un financement pour un projet avec mon groupe et j’ai aussitôt décidé de faire une autre proposition. Il s’agissait d’une série de concerts avec d’incroyables musiciennes, intitulée « Das ist nicht eine Frauen-Konzertreihe » (« Ceci n’est pas une série de concerts pour femmes »), car l’idée selon laquelle les femmes devraient avoir leur propre série de concerts, des journées dans des festivals, etc. est également extrêmement problématique.

J’ai obtenu le financement mais je n’ai pas pu faire ma série à cause du Covid. J’ai eu la chance de rencontrer Jacobien Vlasman, une femme géniale qui est une grande artiste mais qui fait aussi beaucoup pour le secteur et qui a eu le même problème de ne pas pouvoir organiser de concerts, ainsi que le propriétaire du Zig Zag Club de Berlin, Dimitris Christides, et ensemble nous avons dit : faisons un festival. Nous avons donc rassemblé nos financements et nos idées et nous avons travaillé dessus pendant près d’un an. Nous voulions trouver un nom qui ne soit pas kitsch et pas trop féminin, alors Bitches Brew a été un cadeau du ciel, c’était l’idée de Jacobien et elle me plaît toujours autant.

Soyons réalistes, nous devons tous faire quelque chose pour aider la scène et la musique live en général à survivre. Personne ne va le faire à notre place. Surtout pour les gens comme moi, qui ont moins de 30 ans et qui essaient de faire des choses bizarres ou, disons, non commerciales. Ce n’est pas le chemin le plus facile, mais je suis très heureuse de l’avoir emprunté et nous travaillons actuellement sur la deuxième édition.
Pour moi, le but est que ce ne soit plus étonnant de voir une femme à la basse, à la batterie ou à la tête d’un groupe de grands musiciens masculins, mais aussi de faire une place aux queers, d’en faire un espace sûr pour tou.te.s et surtout de montrer de la bonne musique.
De la bonne musique venant de bonnes personnes.
Avec un peu plus de femmes et de queers impliqué.e.s, pourquoi pas.

English text


Evi Filippou, free and committed

Evi Filippouis a member of saxophonist Angelika Niescier’s BTHVN Six Orchestra, which explores the music of Beethoven’s String Quartets. In this group, Evi Filippou shares the vibraphone desk with Christopher Dell, that’s how good she is. She has performed in several series of duets with Katerina Fotinaki, Hayden Chisholm, etc., but also as a soloist.
She is also part of DAHLGREN, the group of blues and rock tinted songs, with open music. Chris Dahlgren on Viola da Gamba and Alfred Vogel on drums are among the members of this group. Finally, as leader, the vibraphonist conducts the quintet InEvitable ( the pun is welcome). Evi Filippou composes pieces inspired by a certain Aegean melancholy and even covers the beautiful song « To nisi mou » by Fotis Siotas & Thodoris Gkonis. But the woman is also active on the Berlin scene and is part of the team that set up the Bitches Brew festival, she explains its genesis and takes digs at these old machos who still hang around in the music world…

Evi Filippou © Cristina Marx

- Why did you leave Greece and move to Berlin ?

To study music. I never really wanted to leave Greece, I wasn’t at all this rebellious young greek that dreams of living abroad but with 15 I attended a masterclass in Austria and realized how much higher the level is out there in central Europe. My teacher at the time has also studied in Germany so he encouraged me to get out, my parents have been also super supportive-and that is not to be taken for granted in Greece or anywhere really- and almost by chance I landed in Berlin. Thank God !

- What do you remember about your studies at the Hanns Eisler School ?

Hmm. Being overwhelmed non-stop and overcoming myself every single day. Endless practice hours, learning german, meeting a thousand people, dealing with sexism, listening to some insanely good classical music, trying to get out and to fit in at the same time.

- What kind of sexism and what is your personal opinion about « being a woman playing music » today ?

I mean sometimes the music business feels like the middle ages, and the music education like a cave man party. A bunch of men who cannot deal with women that do the same thing as them and perhaps bring another quality to the game. Not better just different. (I mean our society just cannot deal with different. Infuriating.) And another bunch of women trying to exist and sometimes equally supporting this dysfunctional system.

Everything was too polished at school I wanted something extra raw


I often felt that there was less expected from me, everybody was surprised when I played well as if it was completely paranormal, I felt patronized and had to hear so many comments about how I look and what I wear rather than how I play and what I practice. Ridiculous really.
Plus at after concerts parties you always have to watch your back, that no drunk professor or something is gonna try to hit on you or any other 19 year-old girl in the room. I stopped going out with my class very early because of that.

- What was your first introduction to jazz and improvised music ?

Very early in my studies I realized that it is not enough for me to just play written music. I was looking for something, a way to express more of myself and to sound more like I feel. In Greece I had the luck to run into Hayden Chisholm and Chris Dahlgren. Both living in Germany at the time immediately gave me the chance to play with them and try stuff out. At the same time, being a bit overwhelmed with the super classical Hanns Eisler I needed something completely different to get me out of my head so I went to improvised music and jazz concerts every week sometimes every day even just to get some dirt and some freshness and hopefully realness in me. Everything was too polished at school I wanted something extra raw to balance it out.

Evi Filippou © Markus Lackinger

I always loved jazz and listened to it and at some point I was like “why am I not practicing this ?”.
And one thing led to another, started taking lessons, meeting people, trying things out, researching, always searching, still searching, still feel like at the very beginning of everything . The only difference now is that I started searching together with some people.

- How do you approach your solo performances ?

I try to re-introduce myself to my instruments, always vibes and percussion and see what happens.
I once heard from a sculptor that their process is to remove what’s not part of the piece and I feel like this most of the time. To see what’s there and get rid of the unnecessary. Every time I prepare a solo I feel like I’m throwing away a lot and shedding some light to who I might actually be. At least in that moment. It’s always challenging but also wonderful.

- It sounds like Saint-Exupéry thought : « Perfection is reached, not when there is nothing more to add, but when there is nothing more to take away ». Do you agree ?

That sounds beautiful actually. Yes I agree.

- In music groups, you can be on vibraphone as well as percussion and even vocals, what other instrument could you play as well ?

I guess that’s about it. I play some piano for my own pleasure and because it’s a divine instrument and that’s about it.

I love playing drums and vibes and changing all the time. Keeps me excited and fresh.


- You compose for your quintet InEvitable, what are the pieces about ?

I think I started composing and arranging to get closer to myself and to recreate this warmth and excitement I feel when I am in Greece. I went through a lot of romanticizing and nostalgia phases with the country I spent my childhood in. I mean it’s a beaaautiful place and leaving made it even nicer since I didn’t have to spent any of my adult life there, didn’t have to deal with all the stuff my friends and family always complained about, so to me it was just a sunny warm place with people as loud as me, my family, the sea and and and. And living in a quite opposite environment made me so homesick that I had to something about it. So most of the first pieces are inspired by greek traditional and folk melodies.
Right now I’m transitioning. I want to say some more things. I want to remind the world that we are kind of all the same, getting born and dying, loving, happy, sad, not belonging anywhere and getting tricked by time and our minds. Let’s see how that comes across.

- What happens for you on stage with the band Dahlgren ?

I know Chris for quite some time now and the rest of the band as well, so when we go on stage, it is a safe warm place to play. I love playing drums and vibes and changing all the time. Keeps me excited and fresh. Plus I really like Chris‘s music and texts. Happy times.

InEvitable Quintet

- What are your musical relationships with Katerina Fotinaki and Cansu Tanrikulu ?

Katerina Fotinaki and I met in Greece and immediately connected. Both fascinated by rhythm and words and great songs we started working together, lots of rehearsals, research, trying out, playing, being in France -which definitely is a different world. I am very grateful for this collaboration, I have lernt really a lot. Covid stopped us quite harsh from touring and continuing, we just now recorded something for my upcoming album. let’s see what the future brings.
Cansu Tanrikulu I simply love and admire. She is a queen and I have so much respect for what she does. I had the luck to share the stage with her at the Leipziger Jazztage this year and it was wonderful. Looking forward to doing something with her again.

- Why is France such a different world ?
I mean is one of the few rich countries that I have been in, where people also like to have a good time. To eat and drink well and have a sweet life. Also in comparison to Germany there is an actual world music scene of a very high level.

More women and queer people involved…


- Let’s talk about Bitches Brew Festival. What’s the point with this festival and what about the forthcoming edition ?

Fall 2020 I was sitting in a hotel room in Amsterdam and was watching a panel conversation of some New York based female jazz musicians. And once again I got so furious and disappointed from the whole situation and the things some incredible musicians still have to put up with. I was about to apply for some funding for a project of my band and I immeadiately started writing a different proposal. One for a concert series with mostly amazing female musicians called « Das ist nicht eine Frauen-Konzertreihe » (this is not a women-concert series, if that translation is any good) because this whole « women should have their own concert series. days at festivals etc. » is also extremely problematic.

I got the funding but I couldn’t do my series because of Covid. I had the luck to run into Jacobien Vlasman an awesome woman who is a great artist but also does so much for the scene and also had a similar problem of not being able to organise concerts and the owner of Zig Zag Club Berlin Dimitris Christides and together we said, let’s make a festival. So we put our fundings and ideas together and worked on it for almost a year. We wanted to find a non kitsch and not too girly name so Bitches Brew was a gift from above, it was Jacobien’s idea and I apllaude it to this day.

Let’s face it, we all have to do something to help our scene and live music in general survive. Nobody is gonna do it for us. Especially for people like me, under 30 and trying to do weird ot let’s say non-commercial stuff, it’s not the easiest path but I am so happy I did this and we are working on the second edition now.
The whole point of it in my eyes is to finally not get so surprised to see a woman on the bass or the drums or leading a bunch of great male musicians, to make place for queer people, to make it a safe space for everyone and mostly to just show great music.
Great music form great people.
Maybe a bit more women and queer people involved, why not.