Chronique

Gauthier Toux Trio

The Colours You See

Gauthier Toux (p), Kenneth Dahl Knudsen (b), Maxence Sibile (dms) + Christophe Panzani (sax), Erwan Valazza (g), Zacharie Ksyk (tp)

Label / Distribution : Naim Jazz

Les couleurs n’existent pas. La lumière est absorbée puis réfléchie par un objet, avec des longueurs d’ondes différentes, ce que notre œil nous restitue en « couleurs », nous apprend-on un beau jour. Autrement dit, un beau jour n’est pas forcément un jour où le ciel est bleu.

Gautier Toux a toujours été intrigué par les couleurs. À l’âge de quatre ans, on lui apprend qu’il est daltonien. Dès lors, il ne cesse d’en explorer le sens, s’interrogeant sur le dépassement des mots mais aussi des notions que l’on a coutume d’attribuer aux couleurs. L’intégralité de ce troisième album est consacrée à ce thème, l’occasion pour le pianiste de revenir sur des souvenirs de sensations, où les couleurs pouvaient être vagues et sujettes à plusieurs interprétations. Mais aussi sur des anecdotes, comme la même question sans cesse posée : « De quelle couleur vois-tu cet objet ? » et à laquelle il répond à chaque fois « cela dépend de la lumière. »

Autant de perceptions et de questionnements qui nourrissent ce troisième album, dans lequel on retrouve la formation des deux précédents disques, à savoir aux côtés de Gauthier Toux : Kenneth Dahl Knudsen à la contrebasse et Maxence Sibile à la batterie. Le trio s’est petit à petit façonné un son qui lui est propre, et The Colours You See révèle un groupe qui développe son propos, détaché d’un souci d’esthétisme qu’il a naturellement intégré. Une démarche qui met en évidence une musique foisonnante, pour un album en reliefs, qui laisse plus ou moins entrer la lumière, et varie les sensations.

Christophe Panzani, Erwan Valazza et Zacharie Ksyk sont invités à interagir sur 4 morceaux du disque. Subtile intrusion d’un sextet éphémère et redoutablement efficace dans un album déjà haut en couleurs. En témoigne le phénoménal « It All Depends On The Light ». Un disque fantastique par bien des aspects, qui se laisse découvrir et invite à revenir.

par Raphaël Benoit // Publié le 10 février 2019
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