Chronique

Jon Irabagon trio

It Takes All Kinds

Jon Irabagon (ts), Mark Helias (b), Barry Altschul (dm)

Label / Distribution : Jazz Werkstatt

Membre éminent du quartet Mostly Other People Do The Killing, engagé auprès de nombreux musiciens et musiciennes de la scène de New York (tels Mary Halvorson ou Dave Douglas), Jon Irabagon n’a pas encore laissé de nombreuses traces enregistrées de ce qu’il revendique sous son nom. On en connaît six, dont The Observer, qui le présentait dans une formule assez sage aux côtés de Kenny Barron, Rufus Reid et même Nicholas Payton. Avec ce trio, il engage plus explicitement son discours vers des formes ouvertes, et le résultat (enregistré en concert) est tout à fait passionnant.

D’abord parce qu’il s’appuie sur une maîtrise de l’instrument assez stupéfiante, qui explique qu’il soit si recherché comme sideman. Au saxophone ténor, ici exclusivement utilisé, il offre un son d’une extrême force sans pour autant jouer sur la monumentalité, et une capacité à varier les effets très impressionnante. On songe souvent - et la formule avec contrebasse et batterie n’y est pas pour rien - au Sonny Rollins des sessions au Village Vanguard.

Ensuite, parce que le discours, s’il s’appuie sur des formes libres, est constamment soutenu par une articulation claire, qui tend vers l’expression de formes musicales évocatrices de sens, tantôt vers des mélodies orientales, tantôt vers le blues ou la danse, comme dans Unconditional.

Enfin, et surtout parce qu’il est soutenu dans son effort par deux formidables instrumentistes, sensibles à la moindre de ses intentions et capables d’intégrer le jeu et la note idoines au moment où il le faut. Mark Helias et Barry Altschul (qu’on est heureux de retrouver ce dernier !!!) sont, au même titre que Jon Irabagon, les sommets d’un trio de forme classique, dont on n’imaginait pas qu’il puisse révéler encore tant de possibilités. Une grande session.