Chronique

Jure Pukl Anorok

Melt

Jure Pukl (ts, comp), Peter Evans (tp), Joe Sanders (b), Nasheet Waits (dms)

Label / Distribution : Whirlwind

Nouvel album et nouveau groupe pour Jure Pukl. Le saxophoniste slovène signe avec Melt son sixième album sous son seul nom. Après avoir déjà enregistré avec, excusez du peu, Vijay Iyer, Aruán Ortiz, Gregory Hutchinson, Joel Ross ou Damion Reid, c’est avec trois magnifiques musiciens qu’il forme ce quartet de haute tenue baptisé Anorok : le trompettiste Peter Evans, le batteur Nasheet Waits et le fidèle contrebassiste Joe Sanders.

L’album compte neuf compositions, toutes du saxophoniste. Toujours très bien construites, elles se développent à partir de mélodies singulières et souvent accrocheuses (un peu dans l’esprit du Masada Quartet dans la construction et dans la fluidité des lignes mélodiques) où le jeu véloce et volubile de Pukl peut s’exprimer à plein, notamment sur les tempi rapides (« Metalurgic », « Lost »). Son association avec Peter Evans est confondante, aussi bien dans leurs unissons que dans leurs contre-chants.

Des embardées free et bruitistes (« Balkanoid », « Slippery ») viennent pimenter ici ou là l’ensemble, nous rappelant le tropisme du trompettiste pour ces musiques. Les deux soufflants sont constamment tancés par la paire Joe Sanders/Nasheet Waits qui distille une rythmique hyper tonique, souple et élastique, du plus bel effet.

Quelques morceaux plus lents (« Vulnerable » ou « Let It Go ») confinent à la douceur ainsi qu’à une certaine gravité et illustrent la belle complicité entre les quatre musiciens. L’album se clôt sur un thème très typé hard bop (« The Hunt ») : thème à l’unisson, soli courts et intenses, section rythmique en soutien, break de batterie et retour au thème. Les quatre musiciens semblent y prendre un plaisir coupable (comme tout au long de l’album, du reste). Et nous avec.

par Julien Aunos // Publié le 3 mars 2024
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