Chronique

Kaja Draksler - Terrie Ex

The Swim

Kaja Draksler (p), Terrie Ex (g)

Label / Distribution : Terp Records

Enregistré au fameux Café Oto de Londres en juin 2018, ce duo a été édité sur disque l’année passée, juste avant le confinement.
C’est d’ailleurs l’impression que donne ce concert, avec deux musicien.ne.s bien porté.e.s sur l’improvisation, la texture et le son et qui dialoguent à voix basse comme pour ne pas se faire repérer par l’ennemi. Qui est-il ? On n’en sait rien. Peu importe.
On est en sécurité, au chaud, à l’abri et le café Oto prend des airs de cache.
En effet, Terrie Ex (Terrie Hessels) et Kaja Draksler partagent cette faculté de donner un sens à leur discours musical, malgré ou grâce aux sonorités improbables qui sortent de leurs instruments respectifs. La guitare et le piano trouvent ici un terrain d’entente parfait, entre cordes d’abord puis entre percussions aussi, ce qui n’a rien de surprenant venant de Terrie Ex.

La rencontre est si évidente qu’on en oublie les différences, si vite effacées. Effacées, pas vraiment : plutôt emboîtées, additionnées. Des différences d’approche, de style, d’attaque, de discours qui en se superposant, fusionnent pour un flux homogène et fluide, celui d’une musique de l’instant.

Ce disque est une belle carte postale de Londres et rappelle ce moment inattendu, cette rencontre presque secrète entre les deux improvisateur.trice.s. Le duo ayant si bien fonctionné, il s’est également produit sur la scène des Ateliers Claus de Bruxelles pour la sortie du disque. On peut d’ailleurs retrouver ce moment en images, capté par Laurent Orseau.

The Swin est composé de deux pistes : la principale, « Strel » (du nom de Martin Strel, le nageur slovène recordman de longue distance), et « Butterfly », un rappel de sept minutes, et existe en vinyle et en CD.
Sachant que Strel est réputé pour descendre à la nage les fleuves du monde dans toute leur longueur, on comprend la référence à ce dialogue entre les deux musicien.ne.s : un dialogue ininterrompu, fluide et chargé de vie, comme une rivière.

par Matthieu Jouan // Publié le 21 novembre 2021
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