Chronique

Kirk Knuffke & Thommy Andersson

A Little More so…

Kirk Knuffke (cnt), Thommy Andersson (b)

Label / Distribution : Auto Productions

On le sait, l’amitié est un moteur important dans la musique de Kirk Knuffke. Le cornettiste le prouve une nouvelle fois en répondant à l’invitation du contrebassiste danois Thommy Andersson avec qui on lui devait le très serein S’Wonderful en trio avec le guitariste Per Møllehøj. Ici, les compères se retrouvent dans une discussion duale qui tient à son intimité. A Little More so a quelque chose de l’heure gagnée sur le temps, là où le cornet comme la contrebasse peuvent deviser en toute quiétude (« Lullaby ») ou laisser la voix de Knuffke faire parler une placidité bienvenue (« Wrong With You ») qui gomment toutes les tentations de lyrisme ; et lorsque le ton s’empourpre, c’est la voix qui vient parer la musique de velours. A ses côtés, Andersson manie l’archet avec beaucoup de douceur et d’écoute. A ce titre, « Five Steps » est sans doute le morceau le plus léger d’un album qui pèse pourtant le poids d’une plume. Un instant habité par l’accolade franche des musiciens, à laquelle l’auditeur est convié.

Ce n’est pas, comme le trio précédent un album où les standards se bousculent. Ils naissent davantage de l’instant, de la captation de sentiments véniels, sans importance mais constructeur d’une fraternité élective. Ici, on caresse un langage commun, qui naît d’un quiet plaisir d’être ensemble. Les timbres se complètent, d’une pureté simple, où l’énergie peut naître de chacun des protagonistes : c’est Knuffke, remarquable dans l’attaque de « Sacrifice of Zinc », mais cela peut être Andersson avec cette belle prise de parole en pizzicati sur « Some I Keep ». L’important est de laisser la place à l’autre, sans aucun sentiment d’urgence, la discussion est égalitaire, naturellement.

Réservé aux plateformes de téléchargement, A Little More So a tout de l’esquisse, de la retrouvaille heureuse propice à de nouvelles aventures. Au format court, les morceaux proposés dans cet enregistrement célèbrent une certaine culture du flegme. Et s’il y a un peu plus, on ne s’en lasse pas.