Chronique

Magma

Theusz Hamtaak (Trilogie au Trianon)

Christian Vander (d), Stella Vander (voc, kb, perc), I. Feuillebois (voc, perc), A. Paganotti (voc, Fender), J.-Ch. Gamet (voc), James Mac Gaw (g), Emmanuel Borghi (fender), Philippe Bussonnet (b), Julie Vander (voc), Claude Lamamy (voc), B. Gaudiche, Y. Neveu (tp), F/ Burgazzi, R. Simon (tb).

Label / Distribution : Seventh Records

La musique qui figure sur le présent enregistrement public a été composée entre 1970 et 1973, ainsi que les textes d’ailleurs, dont on regrette qu’ils ne soient reproduits qu’en kobaïen, sans la traduction française. Car les quelques lignes explicatives de Christian Vander lui-même ne suffisent pas à déplier tout à fait le sens de cet oratorio profane, où il est question de l’Esprit se cherchant lui-même aux frontières du « Kosmos » (1° partie de la Trilogie), puis désespérant d’identifier son véritable ennemi en l’homme (2° partie), pour finir par se retrouver dans le chant purificateur final (3° partie). Cette métaphore inquiète et quelque peu hégélienne sur le sens des choses et de la création est au fond assez claire, me direz-vous. Certes. Mais pourquoi ne pas traduire plus explicitement ?

Au-delà de ces questions un peu secondaires, la musique se présente comme toujours chez Vander, énergique, écrite avec rigueur et passion, dans un style largement influencé à la fois par le rock , et par les compositeurs du début du XX° siècle, de Respighi à Prokofiev en passant par Carl Orff et Stravinsky par exemple, dont on entend la marque en permanence. Cette manière d’enrouler le rythme sur lui-même, de faire en chaque occasion possible usage du crescendo, peut provoquer parfois un certain emballement, mais elle présente aussi le risque de la répétition, quand ce n’est pas celui de l’obsession. On sait que le coltranisme passé au filtre vandérien se présente sous cet aspect, et que les ambiguïtés qui en résultent ont été maintes fois relevées, quand ce n’est pas dénoncées. Je crois qu’il faut laisser ces interprétations au rayon des antiquités – enfin je le pense – et dire qu’il y a des beautés formelles dans cette musique, mais qu’elles manquent à s’inscrire dans un projet plus explicitement universel, ou universalisable. Sur ce terrain d’ailleurs, notons que Christian Vander n’est pas le seul aujourd’hui à jouer la carte du particularisme !