Chronique

Thollot In Extenso

Thollot In Extenso

Jacques Thollot (dm, comp), Marie Thollot (chant), Régis Huby (violon), Clément Janinet (violon), Guillaume Roy (alto), Marion Martineau (cello), Tony Hymas (p, arr, dir), Nathan Hanson (ts, as, ss, arr), Claude Tchamitchian (b), Karl Berger (vib), Kirk Knuffke (cornet), Noël Akchoté (g), Catherine Delaunay (cl), François Jeanneau (ss), Sophia Domancich (p), Jean-Paul Celea (b), Simon Goubert (dm)

Label / Distribution : Nato

Beau titre Thollot In Extenso, car il s’agit moins de prétendre à quelque chose d’entier (toutes les prises proposées étaient inédites jusqu’ici), qu’à quelque chose en extension, en développement. Donc oui, nous n’en aurons jamais fini avec Jacques Thollot, voilà qui est rassurant.

Cela dit, le bijou proposé, concocté et fabriqué à la main par Jean Rochard, recèle d’abord quelques belles images et de magnifiques traces écrites.
Deux cahiers contiennent ces trésors, l’un qui abrite les photos de Jacques enfant, derrière sa première batterie, puis au cimetière de Garches devant la tombe de Bechet, puis au Club St Germain, au Caméléon, etc. Jusqu’à cette magnifique image de Jacques enserrant l’épaule de Gérard Terronès, décédé récemment.
L’autre cahier est consacré, sous le titre « L’art de la Fugue », à un entretien avec le batteur et compositeur dirigé par Jean-Jacques Birgé et Raymond Vurluz, suivi d’une série de portraits-souvenirs, de la plume de Thollot lui-même, concernant quelques musiciens avec lesquels il a joué, ou qu’il a entendus et écoutés. Très précieux documents, où se peaufine l’image d’un artiste qu’on a cru parfois trop vite illuminé alors qu’il était, oui, en pleine luminosité par rapport à lui et au monde, ce qu’on appelle lucide.

La musique, qu’elle soit le fait de formations où Jacques Thollot joue, ou produite par des groupes dont il est absent, est toute entière tournée vers ce lyrisme dansant et sublimé auquel nous sommes redevables depuis longtemps de bien beaux émois.

Pourquoi m’étais-je accroché à ses pas dans la cadre du festival Sigma en 1977 au point qu’il m’en reste encore de nombreuses photos, négatifs ou tirages argentiques, de lui et de Siegfried Kessler ? Allez savoir ce qui se joue entre le manque et le plein, où gît le désir quand il accepte de suspendre son élan vers la jouissance ?

Je crois (j’en suis sûr) n’avoir jamais parlé avec Jacques Thollot. Mais sa musique me poursuivra toujours.