Nils Wogram
Pristine Sound Of Root 70
Nils Wogram (tb), Hayden Chisholm (as), Matt Penman (b), Jochen Rueckert (dms).
Label / Distribution : Nwog Records
Orchestre le plus ancien dans la discographie du tromboniste Nils Wogram, le quartet Root 70 est né avec le siècle, peu après que le duo du natif de Basse-Saxe s’était fait connaître avec le vétéran Conrad Bauer. Dans ce quartet à effectif constant, le tromboniste ne cesse de discuter avec son compagnon au saxophone alto, le talentueux Néo-Zélandais de Cologne Hayden Chisholm, que l’on entend dans le fabuleux Melanoia écrit par Luzia von Wyl [1]. Il y a dix ans, le quartet publiait Riomar, qui visitait un jazz de chambre inscrit dans une veine luxueuse et traditionnelle définissant le concept de racine (root), que Wogram exploitait aussi dans un album ancien, Root 70 On 52nd ¼ Street, paru en 2006. On l’aura compris, Root 70, avec sa rythmique luxueuse - Jochen Rueckert à la batterie et Matt Penman à la contrebasse - est à concevoir comme un retour aux sources, même si les précédents actaient plutôt une direction plus contemporaine (Luxury Habits, 2017).
Dès « Beatrice’s Rituals » et ce joli climat instauré par Wogram et Penman, on remarque l’influence de nombre de quartets avec trombone qui ont émaillé le be-bop, de JJ Johnson à Slide Hampton. Sur « The Utopian », le jeu très souple de Chisholm sous la conduite de la batterie tape en plein dans l’esthétique légère et placide défendue par les productions de Van Gelder, sans jamais cependant verser dans une nostalgie malvenue ou dans l’aigreur des raisins verts. Un travail que Wogram avait déjà expérimenté en grand orchestre avec Work Smoothly en compagnie du NDR Big Band.
Plus loin, avec « Kairos », porté par la nervosité de Rueckert, on s’approche davantage de cette contemporanéité des précédents albums, notamment grâce à l’incise de Chisholm qui joue très en avant sans jamais remettre en cause la sérénité environnante. Cette atmosphère est renforcée par le jeu de coulisse de Wogram, tout en décontraction, qui vient donner davantage de fluidité encore. Jusqu’à une forme de pureté cristalline : le fameux Pristine Sound Of Root 70 tant désiré par Nils Wogram et ses amis.