Chronique

Jérome Sabbagh

Vintage

Jérome Sabbagh (ts), Kenny Barron (p), Joe Martin (b), Jonathan Blake (d).

Label / Distribution : SunnySide Records

Le saxophoniste Jérome Sabbagh, installé à New-York depuis plus d’un quart de siècle, nous avait habitués à un répertoire tangentiel, avec des trios nimbés de jeu vertical - avec notamment le guitariste Ben Monder. Là c’est d’un retour aux sources qu’il s’agit. Pétri d’une admiration de longue date pour Kenny Barron, dont un concert avec Stan Getz à Paris l’avait bouleversé durant son adolescence, il a convaincu le maestro de s’exprimer avec lui sur des compositions personnelles et des standards.
Des conversations musicales de haute volée, où le droit à l’erreur prend valeur de revendication (quelques scories bienvenues), parsèment les titres enregistrés « à l’ancienne » - tous les musiciens dans une même pièce, enregistrement sur bandes magnétiques et mixage sur un appareil à lampes des années cinquante du siècle dernier. La section rythmique est superlative, entre Joe Martin qui tient les murs d’une maison que les co-leaders se plaisent à faire vibrer d’émotions et Jonathan Blake, dont la polyrythmie furtive ne se départit jamais d’un grand sens de la mélodie.
Deux morceaux de Monk interprétés en duo saxophone/piano, font figure d’exercice de style sur lesquels Sabbagh convoque les mânes de Rollins et Coltrane. Lyrisme et complicité joyeuse sont au rendez-vous d’un disque qu’on dirait issu d’un atelier artisanal.