Chronique

Parquet

Sparkles & Mud

Seb Brun (dms), Julien Desprez, Nicolas Cueille, Guillaume Magne (g), Jean-François Riffaud (b), Clément Edouard (elec), Simon Henocq (elec, fx).

Label / Distribution : Carton

S’il fallait trouver une incarnation typique du label Carton qui, depuis plus de quinze ans, fait la lumière sur les confins les plus sombres des expressions musicales, nul doute que Parquet serait parmi les plus emblématiques de ce que recherche le batteur Seb Brun, l’une des têtes pensantes de Carton. Foin d’Irène ou même des Lunatic Toys, c’est bien Parquet qui viendrait en tête, ne serait-ce que pour la tournerie robotique de « Speedrun », hypnotique en diable, qui vient vous cueillir à coups de guitare. On pourrait penser à de la techno avec le riff martial et grasseyant de la guitare de Guillaume Magne ou la basse synthétique lourde de Jean-François Riffaud, toujours là lorsqu’il faut casser les codes, même ceux du chant des machines qui sont là en effet ; voici de la techno faite à la main, sculptée à même l’électricité, comme le souligne parfaitement « Manaquin », où la coutumière rage froide de Julien Desprez fait merveille.

La techno façonnée main par des musiciens de jazz, l’idée n’est pas nouvelle : citons par exemple Cabaret Contemporain. Mais rien n’équivaut à Parquet. Ici, l’électricité est contondante, et c’est dans la surenchère de rythme et de son que se trouve toute la subtilité. L’électronique n’est d’ailleurs pas bannie : Clément Edouard et Simon Hénocq glissent quelques traits de machine mais c’est un moyen, pas un sujet. Comme dans l’électronique des maîtres du genre, c’est dans la transe, l’empilement, les soudaines bifurcations que se trouve toute la magie de pareille expérience. Prenons « Tahiti » et son climat aussi irrespirable qu’Acapulco : c’est une musique à la Underworld, joliment gavée de punk ; juste retour des choses pour un langage qui a mariné aussi longtemps dans la Cold Wave…

La folie des Power Trios qui a nourri l’expression de Carton est une parenthèse définitivement close avec un orchestre comme Parquet, plus visionnaire, plus ambitieux dans sa radicalité. Il faut mettre au défi quiconque de ne pas bouger la tête au bout de quelques secondes dans le justement nommé « Brute ». Sparkles & Mud couronne les années passées par Brun et ses amis à façonner une musique de Dance Floor pleine d’échardes. De quoi bien cramer les Parquets.