Patrice Lerech

Même s’il est le premier disque signé Patrice Lerech, For Us s’avance néanmoins à la façon d’un compagnon aux côtés duquel on aurait cheminé depuis un petit bout de temps déjà. Une présence amicale et tranquille, en quelque sorte…

Formé à l’école classique, avant de s’aguerrir au sein de quelques big bands célèbres (Michel Legrand, Dee Dee Bridgewater, Michel Camilo, …), le trompettiste lorrain joue ici la carte du clair-obscur né d’un travail minutieux sur la complémentarité des couleurs. Celles de ses propres compositions, très cinématographiques, dont la fraîcheur mélodique et la spontanéité évoquent tour à tour des chansons joyeuses – deux sont dédiées à ses enfants : Patrice Lerech s’est installé dans leur chambre en leur absence pour trouver l’inspiration la plus juste – ou la bande originale d’un film sentimental. Mais celles aussi, plus méditatives, aux nuances vespérales, du pianiste Matthieu Roffé [1], qui signe par ailleurs tous les arrangements, au premier rang desquels ceux des cordes du Quatuor Alérion.

La tentation est grande de citer quelques pères spirituels auxquels on ne peut manquer de penser. C’est même la moindre des choses : Chet Baker, Lee Morgan, Clark Terry, Clifford Brown ou Wynton Marsalis… Ils sont là, sources d’inspiration, venus soutenir par l’esprit des camarades bien présents, eux : Gautier Laurent (contrebasse), Franck Agulhon (batterie) ou Valérie Graschaire (voix). Ainsi formée, cette cellule aux allures familiales procède à l’addition de ses teintes sur une toile impressionniste ; un terrain idéal pour Patrice Lerech qui peut alors laisser libre cours, dans la sérénité, à son jeu dont le phrasé fluide révèle tout le lyrisme. Le trompettiste s’épanouit par la douceur du chant et semble vouloir raconter mille histoires. Celles-là ne sont que les premières, à n’en pas douter.

For Us signifie « pour nous ». Dans ces conditions, il ne reste plus qu’à prendre simplement ce disque pour ce qu’il est : un élan du cœur, un cadeau fait à la musique et à tous ceux qui l’aiment. C’est déjà beaucoup !