Chronique

Pentadox

Fragments of Expansion

Sylvain Debaisieux (ts, ss), Weston Olencki (tb, electronics), Lester St. Louis (violoncelle), Bram de Looze (p), Nick Dunston (cb), Samuel Ber (dms)

Label / Distribution : W.E.R.F. Records

Fondé en 2015 par le batteur Samuel Ber, Pentadox s’articule autour d’un trio comprenant Bram de Looze au piano et Sylvain Debaisieux aux saxophones et accueille des invités lors de sessions enregistrées. Ainsi Guillaume Orti et Bo van der Werf ont participé au premier disque paru voici deux ans. Les Américains Nick Dunston, Lester St. Louis et Weston Olencki sont aujourd’hui de la partie, ce qui ne change en rien les engagements esthétiques.

Par leur rencontre rugueuse avec le son, les musiciens retrouvent, d’une certaine manière, l’esprit qui animait la New Thing américaine au tournant des années 60 et 70. Vivant l’intervention musicale comme une chorégraphie en mouvement permanent, chaque instrumentiste se positionne comme une individualité qui ne trouve son épanouissement que dans son expression pleine et volontaire. La densité est forcément au rendez-vous, principalement dans les parties d’improvisation collective.

Il ne s’agit pourtant pas d’accumuler le plus de décibels possible ni d’empiler les propositions les plus complexes, plutôt de maintenir tendu un discours général qui glisse à la surface temporelle et ne souffre aucun relâchement ni laisser-aller. Alternant des périodes de convulsion et des plages d’indécision, les compositions (signées du batteur et du saxophoniste) s’intercalent entre les parties libres et donnent un corps supplémentaire à cette musique à la fois viscérale et cérébrale.

Le piano de Bram de Looze disperse des notes étales sans résolution, tandis que les cordes mêlées de Lester St. Louis au violoncelle et Nick Dunston à la contrebasse élèvent des architectures noires qui prennent au ventre. Les jeux sur les profondeurs (subtil travail de la batterie), les couleurs solidement charpentées et la matérialité physique du son (notamment dans les entrechocs saxophone et trombone) éprouvent l’oreille autant qu’ils la stimulent. Les tonalités sarcastiques et sévères en font une musique mature, âpre à la première approche mais qui se révèle à chaque écoute.