Chronique

Jonathan Orland & Jean-Michel Pilc

Sait-on jamais

Jonathan Orland (as, ts), Jean-Michel Pilc (p).

Label / Distribution : Klarthe Records

Alors qu’il proposait un album solo remarqué en début d’année, l’élégant pianiste Jean-Michel Pilc retrouve un exercice qu’il apprécie particulièrement : se confronter aux standards, ou tout du moins aux monuments de la culture musicale commune. Du point de vue du jazz, la musique de Serge Gainsbourg a toujours eu un air de cousinage : la basse puissante du piano sur la « Ballade de Melody Nelson » en témoigne, la préparation du piano de « Couleur Café » ou la complexité de « Bonnie & Clyde »… Mais tout comme le couple de gangsters, il faut une association soudée pour incarner la musique de Gainsbourg : Jonathan Orland vient donner à ce disque, paru chez Klarthe, une couleur bien plus vive. On avait remarqué le saxophoniste aux côtés de Stéphane Tsapis dans Youkali ou dans l’étonnant Classe Moyenne de Vincent Touchard : il brille ici des mêmes feux très figuratifs. L’alto est profond dans une « Javanaise » qui évite les poncifs et s’amuse dans une relecture de « Baudelaire » pleine de surprises. Sait on jamais ? La musique de Gainsbourg aimera sans doute se retrouver dans un club de jazz.