Scènes

Première soirée Drugstore

La label Drugstore Malone organisait récemment une soirée spéciale pour la double sortie du premier EP de Bombay Offshore et de l’EP remix de Wasteland


Ce 23 octobre, la label Drugstore Malone organisait la première de ce qui sera certainement une longue série de soirées « Drugstore » au Studio de l’Ermitage (Paris) pour la double sortie du premier EP de Bombay Offshore et de l’EP remix du « Wasteland » d’Antoine Berjeaut, pour une soirée « hip hop électronique » qui a attiré une assistance nombreuse et enthousiaste.

Drugstore Malone, c’est une association et un label, dont la direction artistique est assurée par Jocelyn Mienniel, et qui compte à ce jour quatre titres : L’encodeur, un duo électronique avec Sylvain Rifflet, les Paris Short Stories, l’Ensemble Art Sonic, un quintette à vents contemporaro-improvisé, et Bombay Offshore, dont c’est la sortie aujourd’hui. Deux autres titres sont à venir : Voltage Control Orchestra plays Ennio Morricone et Tilt, le nouveau groupe de Mienniel, avec Jozef Dumoulin, Sébastien Brun et Guillaume Magne.

Après un passage par les fourneaux — il faudrait écrire quelque chose sur la cuisine et le jazz — Joce Mienniel s’est fait connaître en devenant le flûtiste de l’ONJ Daniel Yvinec. Depuis, il enchaîne les projets les plus variés, improvise, adapte, dirige - souvent avec son copain Sylvain Rifflet, que le leader soit l’un, l’autre, ou les deux en même temps comme dans Art Sonic -, et bientôt compose avec Tilt. Tout en poésie et en finesse, son univers joue avec les frontières de l’improvisation, du contemporain, de la pop et du rap. Sophie Bernado, Emmanuel Marée et lui forment le trio Bombay Offshore, du hip hop oriental passé à l’électronique et à l’adrénaline.

Le 23 octobre, Drugstore Malone (c’est-à-dire Joce Mienniel, Boris Darley, Gilles Olivesi et Marianne Larrieu) a organisé la soirée de sortie du premier EP de Bombay Offshore au Studio de l’Ermitage, et a invité pour l’occasion Antoine Berjeaut et les musiciens qui ont participé aux remix de son projet Wasteland.

Le trompettiste Antoine Berjeaut (Surnatural Orchestra) a réuni voici quelque temps déjà le poète des mots Mike Ladd et plusieurs musiciens. On a entendu Jozef Dumoulin, Stéphane Kerecki, Fabrice Moreau et Julien Lourau sur le disque Wasteland ; on retrouve ce dernier ce soir aux côtés d’Olivier Lété à la basse et Franck Vaillant à la batterie, ainsi que trois invités, pour la parution du remix. Alors que les originaux installaient une ambiance beat music planante et atmosphérique, les remix tirent le tout vers le dance floor à grand renfort de grosse caisse et de chanteurs et chanteuses tels que Sandra Nkaké et Jî Drû, dont la double performance marque les souvenirs, ou Ornette, figure pop à la voix aussi pâle que les cheveux. Franck Vaillant soutient tout ce petit monde avec une énergie incroyable, tandis que Julien Lourau et Antoine Berjeaut colorent l’ensemble. Mais la star, c’est Mike Ladd, costume trois pièces, chapeau droit, charisme américain. Il murmure des improvisations parfaitement audibles d’une voix grave et feutrée, calme, à l’aise sur scène et au micro. Légèrement courbé, il joue la nonchalance mais maîtrise ses gestes, et pose son flow mi-hip hop mi-spoken word sur une musique en mouvement, plus vivante que jamais.

La voix qui lui succède est celle de Sophie Bernado. Bassoniste « dans la vraie vie », elle se jette avec Bombay Offshore dans les bras de sa deuxième passion, le rap, et l’étreint avec succès. C’est elle qui porte l’énergie ; au centre, elle nous fait face, tandis que les deux autres musiciens, de part et d’autre de la scène, la regardent. A gauche, Joce Mienniel est au Korg MS20 et à la voix ; à droite, Guillaume Lantonnet remplace Emmanuel Marée à la batterie. Sophie Bernado a un flow incisif, précis, rapide. Elle décoche des flèches rythmiques qui fonctionnent particulièrement quand elles sont alliés à des mélodies simples et efficaces telles que « Dangerous Outlaw », ou « Weapon of War », soon-to-be tube interprété aux côtés d’un Mike Ladd charmé, et d’Antoine Berjeaut et Julien Lourau en guests. Les sonorités orientalisantes du synthétiseur apportent un joli contrepoint exotico-électronique, à l’image de ce trio amusé mais sérieux dans sa légèreté.