Scènes

Qonicho D, une brique dans le Nirvana

Concert du trio Qonicho D à Rouen autour de Nirvana


Comment mieux fêter le début de l’été qu’avec une bière fraîche et une basse lourde ? La question ne se pose guère en de meilleurs termes, et c’est le contexte dans lequel l’association Home Factory avait convié le trio Qonicho D dans une tournée normande qui a naturellement posé ses valises à la Brique, le lieu rouennais désormais traditionnel pour ce genre d’évènement. L’occasion d’entendre enfin Nirvanana, le nouveau projet de ce beau Power Trio.

Fanny Lasfargues © Franpi Barriaux

Tout commence dans l’urgence. Sans prévenir : un mouvement de batterie de Blanche Lafuente, comme un tressaut, et la basse de Fanny Lasfargues gratte un riff bien connu. Comment débuter autrement ce Tribute to Nirvana que par les notes sèches de « Smells Like Teen Spirit » ?

Le morceau est universel, il se prête à toutes les distorsions, mais Qonicho D préfère l’aborder à ses origines, avec la dureté effilée d’une lame de rasoir. L’urgence est ici une matière perpétuelle. Le saxophone de Morgane Carnet se charge de la structure du morceau. De la tordre dans les flammes, plus exactement. Elle braille comme un Kurt Cobain en pleine descente et la base rythmique joue, s’amuse, grossit. Le terrain de jeu est trop beau et le public immédiatement conquis.

Qonicho D joue Nirvana à l’os, mais ce n’est pas pour autant que tout est simple. Fluide, c’est indéniable en revanche : la relation entre le saxophone et la batterie est ancienne et galvanisée, et quand il s’agit de dialoguer, d’étirer les formes, elle installe une forme de flegme féroce et connivent. Lorsque « Dumb » s’élance, l’envie de danser est générale, et l’électronique joyeusement sale de Fanny Lasfargues n’y est pas étrangère ; Blanche Lafuente, elle, danse. Comment expliquer autrement une telle rapidité tranchante ? Ce qui est intéressant ici, davantage encore lorsque de Nirvana on glisse subrepticement à Bowie, c’est que derrière la virulence rock joyeusement fardée, il y a tout un travail sous-jacent qui mousse et qui déborde, qui complexifie à souhait le grunge sans l’alourdir outre mesure. Une belle leçon d’énergie.