Chronique

Raymond Boni - Raphaël Saint-Rémy

Clameur

Raymond Boni (g, hca), Raphaël Saint-Rémy (p, hautbois, épinette)

Label / Distribution : Emouvance

Clameur. On ne peut mieux dire. Un protest song de musiciens hors normes, au sens propre. Ni jazz, ni autre : bruitiste, contemporain. Expérimentateurs ils sont, sans doute ; créatifs, assurément. Cette musique-là est indiscutable. On ne la discute donc pas. À prendre ou à laisser. Personnellement, je prends, et je prendrais plus volontiers encore « in vivo », en live si on préfère, pendant qu’elle se mitonne à la barbe de nos esgourdes, comme chez Pierre Henry, du temps où il recevait chez lui pour des concerts sacrificiels.

Raymond Boni tient la guitare et l’harmonica. Pas exactement à la Bob Dylan. Il cause à son pote, Raphaël Saint-Rémy, qui cause en même temps au piano, à l’épinette et au hautbois ; il y a aussi des hauts-cuivres, comme les grandes casseroles dans les cuisines des grands chefs – j’ignore de quoi il retourne, ce qui se mijote. De longues plaintes mystérieuses, des crépitements de gros sel. Les sons se tambouillent à l’inspiration, je capte, je prends, je rejette. Mais je suis là, avec mes hormones, celles dont parle Valère Novarina, cité dans le livret : « Avez-vous bien écouté ? Préparez vous. Nous entrons dans la période animale de l’histoire. Et dans l’histoire animale, il n’y a que deux facteurs qui comptent : reproduction et climat. […] À la lutte des classes succède la lutte des animaux. » Le verbe se fait son. Ceci n’est pas une pipe. Ni du jazz. C’est.