Scènes

Bruno Angelini/Giovanni Falzone au Moulin à Jazz


Tout s’accouple en musique, surtout en jazz où carpe et lapin peuvent s’entendre comme ces deux-là.
Soit Bruno Angelini et Giovanni Falzone.
L’un est chevelu, l’autre comme un œuf. L’un porte lunettes d’intello, l’autre de la dernière touche un peu rital. Lui est au piano ce que l’autre est à la trompette.
Bruno est né à Marseille de parents italiens mais ne parle pas leur langue. Giovanni est sicilien, de Palerme, et se débrouille fort bien en français.
C’est heureux car, quand ils ne jouent pas, ils n’arrêtent de se causer, ils tchatchent musique pardi !
En fait, rectificatif, quand ils jouent aussi ils se parlent. Et leurs différences alors s’ajoutent et culminent dans une magie où se mêlent ce qu’on entend de nos jours, et même ce jazz en quête permanente. C’est costaud et en même temps réjouissant à l’oreille, élaboré et immédiat, une magie dirait-on. Et pourtant non, juste l’ouvrage de vrais musiciens.
Leur duo, ils l’appellent « If ». If duo. Un « si » majeur, conditionnel de leur musique : s’entendre d’abord, puis s’écouter, enfin laisser jouer, dans ce jeu savant et « si » ouvert aux vents de l’invention, des accords inattendus, des portées qui se croisent pour mieux s’éloigner et se réunir à nouveau comme dans des errances d’avant rendez-vous.
Là, c’était au Moulin à Jazz de Vitrolles (Bouches-du-Rhône), ce 11 décembre 2010, pour une rencontre intense avec un public pâmé.
Et vice versa.

Photo © Gérard Tissier