Chronique

Stefano Leonardi

L’Eterno

Stefano Leonardi (fl), Marco Colonna (cl), Antonio Bertoni (cello), Fridolin Blumer (cb), Heinz Geisser (dm)

Ce quintet italo-helvétique - majoritairement italien toutefois puisque emmené par le flûtiste Stefano Leonardi - déroule un répertoire ouvert en huit longues plages. Malgré une certaine sécheresse des timbres qui rappellent les expérimentations des années Loft aux début des années 70, cette formation sincère et sans fioriture réussit ce qu’elle se promet de réaliser : une musique formellement libre où chacun exprime avec volubilité ce qu’il a dans le ventre.

Entendu plusieurs fois au côté d’Agustí Fernández (Desmadre, 2014 chez Fonterossa Records, Birth Of Shapes, 2016, autoproduit, Agrakal, en 2018 chez Not Two Records avec Zltako Kaučič), la clarinette de Marco Colonna tient le devant de la scène en bousculant volontiers ses compagnons de jeu par des propositions aussi contrastées que les cimes transalpines. Profondément installée dans un temps meuble, la basse de Fridolin Blumer pilonne quelques clous qui, s’ils semblent discrets, posent en réalité de solides fondations. Ils structurent, d’ailleurs, l’échafaudage au-dessus et ne pâtissent à aucun moment des bousculades du batteur Heinz Gesser qui fait feu de tout bois, complément solide à la liquidité de la clarinette.

Les deux autres musiciens tiennent les rôles de coloristes. Le violoncelle de Stefano Pastor, pour le coup, avec une réelle discrétion, se fait parfois oublier tandis que l’enjeu de ce disque tient certainement dans les interventions du flûtiste. Leonardi ne se positionne jamais en meneur mais les festons qu’il brode autour du chant principal, les contrepoints aigus, voire très aigus, pleins d’une poésie rêveuse qu’il dessine constamment, tirent le propos vers le haut. Le quintet passe ainsi d’une ambiance en retenue, légère et réfléchie, à une projection sauvage et volontaire notamment sur le titre “Resistance” qui constitue le plat principal de cette galette. A servir très free.