Chronique

TOC

You Can Dance (If You Want)

Jérémie Ternoy (F. Rhodes), Peter Orins (dr), Ivann Cruz (g)

Label / Distribution : Circum Disc

Nous avons certes la permission de danser, mais encore faudrait-il le pouvoir. Les rythmes de TOC se prêtent davantage au balancement effréné de cheveux longs et noirs, façon métalleux sur le retour, qu’au fox-trot ou à la samba improvisée. TOC, s’il se moque du trouble obsessionnel compulsif, n’en est pas un. You Can Dance (If You Want), tout juste sorti des soutes de l’excellent label lillois Circum Disc, est le dernier-né, après Le Gorille en 2009, du power trio de Jérémie Ternoy, Peter Orins et Ivann Cruz, respectivement Fender Rhodes, batterie et guitare.

TOC s’amuse avec le métal tout en refusant de lui faire des concessions : les expérimentations sonores sont ainsi juxtaposées à des montées en puissance qui satisferaient les plus chevelus d’entre nous si l’on ne doutait pas, au moins en partie, de cette ambivalence. Le mariage de ce qu’on pourrait appeler pop expérimentale et du rock le plus « hard » sert-il ou dessert-il ses ambitions ? Le deuxième morceau, « Downward Trend Of Increase », est ainsi construit sur une contradiction sonore : l’élan général planant est contredit en son sein par des aspérités nées des expérimentations de la guitare. Peut-on célébrer ce type de contrastes et de doubles mouvements, ou faut-il les déplorer, dans la mesure où le résultat est un peu trop propre pour qu’on goûte aux rugosités du métal, un peu trop sale pour qu’on entre pleinement dans la transe pop ? (Un problème qu’un groupe comme Jean Louis a, par exemple, résolu en salissant délibérément les textures sonores.)

Si le doute plane sur la première partie du disque, il est dissipé à partir du cinquième morceau (qui donne son titre à l’album) : comme si le mariage était tout d’un coup prononcé, le frottement des genres disparaît pour laisser place à un climax élégant et réussi ; tout ce qui précède en devient subitement la répétition. L’album révèle alors sa construction : à la sieste (« You Had A Nap ») succède le réveil dansé (5-7) et la déclaration du dernier morceau, « That’s What She Said », qui récapitule tout depuis le début : recherche bruitiste en introduction, pop, punk, free rock, métal… La volonté d’indistinction des instruments est ici accomplie, et l’on porte un toast au succès de cette union de styles et de textures.