Chronique

Tap - John Zorn’s Book Of Angels - Vol. 20

Pat Metheny

Pat Metheny (guit, synth, perc, sitar, bugle etc), Antonio Sanchez (dm)

Label / Distribution : Nonesuch / WEA

Pendant l’été 2004 John Zorn a composé les 300 pièces qui forment son Book Of Angels, qui est en quelque sorte un Masada Book n°2. Très vite, les musiciens de son entourage en ont choisi un certain nombre, les ont arrangées pour leur instrument ou leurs formations, et les ont enregistrées pour le label Tzadik, sous la supervision plus ou moins étroite du compositeur. Jamie Saft, le Masada String Trio, Sylvie Courvoisier et Mark Feldman, Uri Caine, Marc Ribot, Erik Friedlander, Bar Kokhba, Medeski, Martin & Wood, The Dreamers, Cyro Baptista, David Krakauer ont ainsi, au fil des années, confronté leur manière aux compositions de Zorn, souvent avec beaucoup de bonheur.

Aujourd’hui vient le tour de Pat Metheny pour le volume 20, mais ce Tap est quand même très différent de ce qui a précédé. D’abord parce que Metheny ne fait pas partie de l’entourage musical immédiat de Zorn, ensuite parce que le CD sort du coup simultanément chez Nonesuch/Warner et chez Tzadik, enfin parce que que cet intérêt du guitariste pour les compositions de Zorn va leur donner une diffusion nouvelle, personne ne le contestera.

Mais commençons par écouter : Metheny n’est pas ici seulement guitariste, mais homme-orchestre, comme il sait le faire depuis longtemps. C’est donc lui qui assure diverses parties de guitares, percussions, claviers, bugle à l’occasion, et j’en passe. Selon que vous êtes familier, et admiratif, de l’univers de Metheny, vous jugerez vous-même du résultat. Pour moi, c’est un échec à peu près complet. Autant j’ai pu aimer - au-delà du raisonnable - les arrangements écrits et joués par les musiciens cités plus haut (ah… Sylvie et Mark, le Masada String Trio…) autant je reste indifférent à cette démonstration technique irréfutable qui n’élève jamais le débat, ne laisse planer aucun suspens, ne fait qu’en de très rares moments place à une vraie respiration. Quant on songe à ce que que peut donner Marc Ribot dans ce répertoire…

Reste donc à commenter l’événement, puisque manifestement c’est est un. Médiatique plus que musical, c’est en tous cas ce que je pense. D’une part on sait que Pat Metheny est un garçon sympathique en diable, talentueux, toujours prêt à monter sur scène ici ou là pour participer à des aventures parfois casse-gueule, assoiffé de rencontres et d’expériences. Une star souriante. D’un autre côté, John Zorn suit une ascension lente mais irrésistible, et fait reconnaître ses divers talents à un public de plus en plus large. Nous voici donc à l’orée de l’étape suivante : pour monter encore d’un cran (pour Zorn), il fallait passer par la case « Metheny », éditer le produit sur les deux labels, et attendre la suite. Qui ne saurait tarder. Il paraît que les deux hommes correspondent, mais que leurs « books of labour » respectifs sont plus que chargés. On peut néanmoins penser qu’ils pourraient bien se retrouver sur scène dans un délai raisonnable. Et alors là, pour celui qui réussira à produire la chose, jackpot !!!