Chronique

The Killing Popes

Ego Kills

Oli Steidle (d, perc, mari) Dan Nicholls (kb, b, sampl) Jelena Kuljic (voc), Phillip Gropper (sax), Frank Möbus (g), Phil Donkin (b), Nathalie Sandtorv (voc on 8), Liv Nicholls (voc)

Label / Distribution : Shhpuma / Clean Feed

Le deuxième volet, après Ego Pills, du groupe berlinois The Killing Popes présente une nouvelle facette musicale. Moins centré sur la batterie électrique et pétillante du batteur Oliver Steidle, le projet a changé de format. Avec son acolyte Dan Nicholls (claviers, basse et production), le batteur cosigne une grande partie des compositions. La musique s’en ressent, sans perdre un instant sa spécificité dynamique et humoristique parfois, mais il y a une douceur mélodique qui prend le dessus. Le jeu est constant entre les voix, le saxophone tranchant de Philip Gropper, la guitare pointilliste de Frank Möbus et la ronde basse de Phil Donkin. Mais toujours, tout le long du disque, reste cette énergie mélodico-rythmique qui stimule le cerveau, comme si la musique était jouée par un stroboscope. Entre les titres évocateurs « Bling Bling Frog$ », « Chthulu » ou « F£UYC€K$ » on trouve quelques séquences improvisées, moins écrites et surtout le morceau le plus surprenant, « Human Nature », sur un texte de la féministe et anarchiste russe Emma Goldman (1869-1940), tantôt chuchoté tantôt interprété par la vocaliste serbe Jelena Kuljić, avec son style si particulier qui fait les beaux jours du groupe KUU ! Soudain, la musique s’étire en nappes et il ne reste qu’une brume.

Une des caractéristiques importantes de cette musique, c’est qu’avec une certaine régularité sonore – une batterie très sèche et très rapide, des beats proches de la techno – les ambiances changent à chaque titre. Même dans les tempos lents ou les plages plus théâtralisées, il reste ce cliquetis permanent qui joue comme un fil rouge.

Ce projet collectif, même si le batteur Oliver Steidle en reste l’instigateur, est à l’image de la scène berlinoise actuelle et les chanceux.ses qui ont pu le voir cet été au festival de Malguénac s’en souviennent encore.

par Matthieu Jouan // Publié le 3 octobre 2021
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