Chronique

Philipp Gropper’s Philm

Consequences

Philipp Gropper (ts, comp), Elias Stemeseder (p, synth), Robert Landfermann (b), Oliver Steidle (d)

Label / Distribution : WhyPlayJazz

Le saxophoniste allemand Philipp Gropper signe son cinquième disque avec son groupe Philm, un quartette berlinois soudé qui déroule, depuis sept ans maintenant, les compositions du leader avec une énergie et une interaction abouties. On le connaît surtout pour sa participation au trio avec Christian Lillinger à la batterie et Ronny Graupe à la guitare, qui s’appelait Hyperactive Kid, le fer de lance de cette génération de musiciens trentenaires.

Consequences présente un nouveau répertoire, des compositions très colorées et structurées en petits éclats, en coups de pinceaux, avec beaucoup de ruptures, de cassures mais aussi d’équilibre et de flottements. Le saxophone de Gropper a ce son légèrement pincé qui va du feulement au râle parfois, mais qui joue de la tension dans les mélodies. Le pianiste Elias Stemeseder utilise beaucoup le synthétiseur pour glisser des couleurs acidulées qui éclatent comme des bulles de savon ; au piano il est plus dans un dialogue avec le saxophoniste qu’un soutien harmonique. Et la paire rythmique Robert Landfermann à la contrebasse, virevoltant et rapide et Oliver Steidle à la batterie assure une assise rythmique très prononcée, comme des gerbes d’étincelles sur une soudure. Il faut dire que le batteur et le saxophoniste jouent ensemble depuis longtemps et que Gropper fait partie du groupe The Killing Pope de Steidle. Nous sommes dans la famille du jazz berlinois, une couleur industrielle, continentale et très mélangée, une espèce de patchwork, à l’image de cette ville.

Sorti (comme les précédents disques du groupe Philm) sur le label berlinois WhyPlayJazz, Consequences contient une belle musique, libérée et affranchie, jouée par un groupe qui voit le monde à travers un kaléidoscope et Philipp Gropper n’en finit pas d’étonner.
Dommage qu’il ne joue pas en France.