Chronique

The Recyclers

Davout

Benoît Delbecq (p), Steve Argüelles (dm), Christophe Disco Mink (basse, moog, ngoni, harp)

Label / Distribution : Dstream / L autre Distribution

Après une interruption discographique de deux décennies, The Recyclers reprennent du service. Structuré autour du piano de Benoît Delbecq et de la batterie de Steve Argüelles, ce duo, complété par la guitare de Noël Akchoté, a, durant les années 90, mélangé dans un shaker sans tri sélectif les esthétiques les plus variées. Avec l’arrivée en 1999, en remplacement du guitariste, de Christophe “Disco” Mink et sa palette d’instruments (Moog, harpe, basse, etc.), ils composent un univers cosmopolite à l’image d’un Paris populaire et bigarré dans lequel ces jeunes musiciens évoluent alors.

A la même époque, backing band de luxe sur les premiers disques de Katerine, ils en conservent le souci d’efficacité pop qu’on retrouve aujourd’hui encore sur cette nouvelle référence du label D-Stream. Le melting pot (melting pop ?) reste de mise (sonorités jazz, musiques du monde, électro) et se déploie lascivement à partir de cellules minimales qui gagnent en ampleur. Ce matériau rudimentaire qui semble créée sur le moment s’enrichit ensuite de phrasés simples ou complexes qui prennent place dans un environnement pulsatile progressivement marqué.

Ces structures droites et hypnotiques se garnissent d’un fourmillement de détails qui alimente des climats directs ou en demi teintes que le trio fait évoluer. Les timbres oscillent entre acoustique et électronique dans un mélange savamment dosé où un fier ngoni se rapproche de cymbales ciselées ou de sons robotiques. Entraînant un inévitable et irrépressible dodelinement de la tête, cette musique délicatement charnelle fascine par la précision de ses agencements et provoque des sensations immédiates ; elles sont une surprise pour l’oreille qui hésite constamment entre curiosité et ravissement.

Notons enfin que l’enregistrement aura été un des derniers réalisés dans les mythiques studios Davout situés à Paris et fermés depuis peu. Michel Legrand, les Rolling Stones, Nina Simone ou encore Michel Portal, Jean-Luc Ponty, Serge Gainsbourg, Alain Bashung (mais aussi U2, Madonna, Rihanna ou Pharrell Williams) - la liste n’est pas exhaustive - y sont passés. Qui mieux que The Recyclers pour terminer cette aventure et proposer une musique syncrétique ?