Veronika Harcsa fait le plein à la Jazz Station
Veronika Harcsa et le quartet de Bálint Gyémánt étaient à la Jazz Station de Bruxelles.
Bálint Gyémánt © Roger Vantilt
Chaud. Il fait très chaud à la Jazz Station ce vendredi 11 juin pour la reprise (enfin !!) de la saison.
Il fait chaud et le public est, lui aussi, très chaud. Chaud bouillant même. Une cinquantaine de personnes seulement (jauge maxi oblige), éparpillées à bonne distance les unes des autres. Cinquante personnes qui applaudissent comme mille le speech de bienvenue de Kostia Pace, tout heureux et très ému de revoir du monde.
- Veronika Harcsa © Roger Vantilt
Il fait chaud mais la voix de Veronika Harcsa amène un vent de fraîcheur et des frissons sur les premières notes – a cappella – de « Listen To Me Now ». Délicatement, Bálint Gyémánt, à la guitare, vient la rejoindre. Puis c’est Nic Thys (cb) et finalement Antoine Pierre (dm), dans un jeu tout en légèreté et introspection, qui complètent le tableau. On enchaîne directement avec « San Francisco » un peu plus optimiste, plus fougueux et ultra lumineux.
Peut-on rêver plus belle entrée en matière avec cette musique qui vient autant des instruments que du cœur ?
Ce quartette a trouvé son identité, son équilibre et une respiration très personnelle au travers de musiques qui penchent autant du côté lyrique que de la folk, de la pop (voire du rock) et du jazz.
Très vite, le groupe se livre totalement et partage avec le public. Veronika Harcsa prend le temps de contextualiser les morceaux et peut ainsi entraîner le public sur le chemin intime des confidences. « About Time », écrit il y a plus d’un an, au début du confinement, est aussi tendu et nerveux que fragile. Mais l’inquiétude fait place ensuite à une certaine quiétude. Le groupe s’empare du côté positif d’une « Urban Solitude » imposée. On bat du pied, on tapote des mains et le pouls bat plus vite.
- Bálint Gyémánt © Roger Vantilt
On passe à un niveau supérieur dans l’intensité avec le triptyque « First Night », « Second Night » et « Last Night ». D’incertitude en clair-obscur, on arrive à la folie et à la libération totale. La voix de la chanteuse se glisse dans des harmonies étonnantes et se contorsionne en tous sens. La maîtrise est totale. Derrière elle, batterie et contrebasse accentuent la pulse et propulsent Bálint Gyémánt dans une série de soli plus époustouflants les uns des autres. Le guitariste explore toutes les possibilités de son instrument. Riffs ravageurs, nappes électriques hallucinées, improvisations inspirées, psyché rock et ambiant cosmic s’emmêlent. Éblouissant et hyper excitant !
« Shapeshifter » n’est pas moins étonnant avec ses variations, ses breaks et ses bifurcations surprenantes exécutées au cordeau par un groupe décidément soudé ! Le quartette peut tout se permettre, comme sur « Shake, Shake » (besoin d’explications ?) ou sur le subjuguant « In A Scent » (avec les magnifiques interventions de Nic Thys jouant sous le chevalet de sa contrebasse et solo magique d’Antoine Pierre).
- Nicolas Thys © Roger Vantilt
Un rappel (le magnifique « Listening Wind » de Talking Heads) ne suffira pas à rassasier un public totalement conquis. Alors, Veronika s’amuse sur les premiers mots de « Don’t Get Around Much Anymore » et, hilare… se fait prendre à son propre jeu. Les musiciens emboîtent le pas, le public aide à compléter les paroles de ce standard immortel et la fusion est totale.
Que d’émotions, que de bonheur !
Dieu, que tout cela nous avait manqué !