Chronique

Aerophone

Atrabile

Yoann Loustalot (tp, bugle), Glenn Ferris (tb), Blaise Chevallier (b), Frédéric Pasqua (dm)

Label / Distribution : Bruit Chic

Est-il vraiment étonnant qu’un disque titré Atrabile soit marqué du sceau de la mélancolie ? [1] Qui connaît un peu la musique de Yoann sait qu’elle ne séjourne dans la franche, insouciante et pour tout dire irréfléchie gaité que dans des moments rarissimes. Laissons donc aux esprits chagrins ce qui leur revient, et réjouissons-nous que cette bile (noire évidemment, nous sommes dans le jazz !) ait donné cet enregistrement dont les teintes diverses procurent au fond tant de plaisirs.Et à propos de teintes, signalons la pochette lente et brûlante de Vincent Marco, à retrouver surson site

Trio à l’origine, Aerophone est devenu quartet depuis que Glenn Ferris se joint régulièrement aux trois fondateurs, sans que l’esprit de la formation « sans piano » soit perdu, au contraire. D’où cette belle circulation musicale entre la couleur des formations de Jimmy Giuffre et l’affirmation plus libertaire encore (quoique…) du premier Ornette Coleman. Dire enfin que l’humour est souvent au rendez-vous attirera j’espère quelques auditeurs amoureux de la langue, comme les titres le marquent, « Sornette » par exemple, ou encore les deux improvisations radicales appelées « Aspiration » et « Inspiration ». Il y a quand même bien de l’intelligence et de la sensibilité dans tout ça.

par Philippe Méziat // Publié le 14 mai 2017

[1Je rappelle en effet que le mot « atrabile » signifie « bile noire » et que cette humeur supposée était censée être la cause de la mélancolie dont certains sujets sont affectés.