Chronique

Airelle Besson

Radio One

Airelle Besson (tr), Isabel Sörling (vx), Benjamin Moussay (p, clav, fender), Fabrice Moreau (d)

Label / Distribution : Naive

On le sentait bien arriver, on l’espérait en tout cas.
Après des années passées sur scène dans des projets tous différents, chantants, rythmiques, bucoliques, hypnotiques, minimalistes et/ou grand public, Airelle Besson a (enfin) pris le temps de se poser pour écrire, composer, arranger à sa manière le monde qui l’entoure, qui la touche.
Le temps nécessaire, la maturité personnelle et musicale, les compagnons de route sélectionnés pour le chromatisme particulier, autant d’éléments qui contribuent à la réussite de cet album.
Radio One est conçu comme une suite, alternant des morceaux rythmiques et énergiques à des ballades, des nappes, des ambiances flottantes. Fabrice Moreau sait marquer le tempo, mais peut se montrer gracile. Tout comme Benjamin Moussay à qui revient la délicate tâche d’assurer à lui seul l’assise harmonique du groupe, au piano, au Fender Rhodes et aux claviers. C’est lui le démiurge, le décorateur, le peintre. Il s’active, superpose les harmonies, alterne les couleurs le long du chemin et, aidé par le batteur, fait monter ou descendre la pression au sein des morceaux.
Enfin, le cantus firmus.
La trompette d’Airelle Besson et la voix d’Isabel Sörling se combinent avec une rare alchimie. Il arrive qu’elles se confondent même, dans un unisson merveilleux.
Quelque soit le mode d’expression, des sons étirés, ronds, doux ou des traits rapides, percussifs, la trompette et la voix sont toujours en accord. Avec une magnifique articulation, Isabel Sörling peut scander les étranges paroles acidulées de « Candy Parties » tout comme elle déclame celles, plus aériennes, de « People’s Thoughts ».
Cette longue suite de neuf titres qui s’écoute comme une histoire (et dont les paroles ont été écrites par Airelle Besson, pour ce projet et spécifiquement pour cette chanteuse), est l’écrin parfait pour l’expression chaleureuse, intelligente et énergique de la trompette d’Airelle Besson. Les ruptures de tempo, les phrasés bancals, les mélodies abruptes émaillent cette histoire, autant que les nappes sonores palpitantes et les ambiances feutrées.
C’est riche, c’est frais, c’est enjoué. De nombreuses fragrances, de jolies couleurs, une narration captivante : Radio One tient plus de promesses encore lors d’écoutes successives.
Airelle Besson est une immense musicienne, il n’est plus possible d’en douter.

par Matthieu Jouan // Publié le 24 avril 2016
P.-S. :

Pour annoncer le disque, une petite vidéo.