Sous la direction énergique du saxophoniste Mats Gustafsson, du bassiste Johan Berthling et du batteur Andreas Werliin, le Fire Orchestra présente une structure à deux étages. Tous les pupitres sont doublés ce qui rend l’effectif très important avec un son d’ensemble vraiment puissant dans les tutti, mais aussi qui permet une conduite habile consistant à faire jouer des parties écrites et thématiques, des ostinatos par une moitié d’orchestre et de faire improviser et enrichir le propos par l’autre moitié, par au-dessus. Il y a donc constamment une pulsation très régulière qui rend le rituel hypnotique et la musique plus structurée harmoniquement. D’ailleurs, cela permet aux deux chanteuses d’avoir un discours cohérent et de chanter des paroles.
Le rituel, les rituels évoqués ici, se mettent en place par succession d’ambiance et accumulation d’effets. Les deux batteries et le traitement électronique donnent, en plus, l’impression d’un feu infernal.
Ainsi entend-on tout au long des cinq parties « Ritual » les musicien.nes se répondre, se relancer, se suivre. Ce sont des vagues de plaisir, des étincelles de groove, c’est parfaitement le son que l’on attend d’un grand orchestre contemporain. Cette grosse machine européenne est composée essentiellement de musicien.nes scandinaves, mais on y trouve le guitariste français Julien Desprez (doublé par Finn Loxbo) et la trompettiste portugaise Susana Santos Silva (doublée par Niklas Barnö).
Une belle œuvre collective, post-utopique puisque réelle.