Chronique

Philippe Mouratoglou Trio

Univers Solitude

Philippe Mouratoglou (g), Bruno Chevillon (b), Ramón López (dm)

Label / Distribution : Vision Fugitive

Nouvelle production du label Vision Fugitive dont il est un des co-fondateurs, Philippe Mouratoglou donne avec Univers Solitude une suite à son duo Legends of the Fall, paru dernièrement, au côté du clarinettiste et complice Jean-Marc Foltz. Guitariste de formation classique qui, de ce fait, joue de la guitare acoustique, il creuse encore un peu plus les penchants que sont les siens pour une musique syncrétique. Faisant sienne, en effet, la culture guitaristique populaire et savante (flamenco, baroque ou folk pour le dire vite), il s’aventure sur des territoires dont il est ici l’unique signataire (si ce n’est une reprise de “Lonely Woman”).

Remplissant comme il se doit le cahier des charges de ce label élégant (Philippe Ghielmetti est le troisième pilier de cette structure ; le livret dessiné est signé Emmanuel Guibert) dans lequel une certaine forme de retenue, un soin accordé au naturel des instruments et un propos en suspens s’imposent tout naturellement, le guitariste dévoile des compositions où l’argenté des cordes découvre des ambiances en demi teinte.

Une écoute superficielle butera sans doute sur cette atmosphère monochrome un peu grise mais, happé par le rebond de la basse de Bruno Chevillon qui toujours amène autre chose, entre valeur pulsatile et coloriste, une réécoute plus attentive permettra de catégoriser toute une variété de tonalités. Soutenu par les fûts délicats de Ramón López qui jamais n’impose son pourtant indispensable soutien, le propos resserré du trio se fait avec volontarisme. La gestuelle un rien précieuse dessine de grands espaces impressionnistes et trouve naturellement sa résolution dans une forme de classicisme parfaitement assumé.