Ben Rando
True Story
Ben Rando (p), Sarah Elisabeth Charles (voc), Yacine Boularès (ts, ss), Federico Casagrande (g), Sam Favreau (b), Cédrick Bec (dm)
Label / Distribution : Onde Music
Un jeune pianiste provençal qui a tout d’un « petit maître », comme le jazz sait nous en donner de temps à autre : Ben Rando, par la grâce de son nouvel opus, s’impose comme l’un de ces créateurs trop souvent relégués aux marges de la grande histoire des notes bleues. Car s’il s’agit du premier album sous son nom, ce brillant compositeur d’à peine trente-cinq ans s’était déjà fait remarquer aux côtés de la chanteuse franco-britannique Anna Farrow, l’accompagnant, composant et produisant son album Days And Moods en 2015, sans oublier l’aventure Dress Code en compagnie notamment du batteur poète marseillais Cédrick Bec et du saxophoniste Yacine Boularès (que l’on retrouve ici, plus chamanique que jamais, notamment au soprano).
Avec un label, Onde Music, riche d’un partenariat avec les innovateurs de Ropeadope Records (Christian Scott, entre autres), le groupe réuni sous l’égide de Ben Rando va assurément se tailler une carrière internationale d’ampleur – nombreuses sont d’ailleurs les tournées extrême-orientales des musiciens réunis ici, toujours soutenus par le contrebassiste tellurique Sam Favreau. L’ensemble avance sur les voies d’un jazz délicieusement doux-amer, riche d’inflexions bluesy et trempé dans des univers pop ou folk contemporains, enrichi par la surprenante voix éthérée de l’Américaine Sarah Elisabeth Charles, dernière égérie du trompettiste néo-orléanais sus-cité, proche de la nouvelle Harlem Renaissance en cours à New-York.
La véritable histoire dont il est question ici, c’est bien celle des confluences qui irriguent le son plus que parfait d’un essai pétri d’oxymores musicaux, pimentés par le jeu de guitare délicieusement subtil de Federico Casagrande. La moindre n’étant pas le choix de la seule reprise présentée : la magnifique ballade « Peace » de Horace Silver, en duo voix/piano alors même que le jeu de Ben Rando suinte le sens du groove de son illustre prédécesseur, jusque dans le blues à trois temps « Dandy’s Waltz » - qui a tout d’un futur standard. Pour un coup d’essai…