Scènes

Darche, Le Van, Veras en bleu sur la Loire

Loïs Le Van et Alban Darche sur les bords de Loire en chantant Les mots bleus.


Loïs Le Van © Christophe Charpenel

L’association La Note Bleue près d’Angers reçoit Alban Darche et Loïs Le Van. Ils viennent présenter Les mots bleus, accompagnés du guitariste Nelson Veras : une promenade au pays de la chanson qui séduit immédiatement l’assistance.

À quelques centaines de mètres de la Loire, sur la commune de Saint-Mathurin, la salle communale est pleine en ce dimanche. L’association La Note Bleue agrémente les après-midis dominicaux avec un goût pour les projets neufs venus du jazz (on avait entendu Michel Benita et Manu Codjia, Christophe Monniot et Didier Ithursarry ou le trio de David Chevalier). Tout neufs même, puisque le trio sur scène joue son premier concert.

C’est en réalité un duo : celui qui réunit le saxophoniste Alban Darche et le chanteur Loïs Le Van. À partir d’un choix varié pioché dans le répertoire de la chanson française ou internationale, ils donnent une nouvelle version de tubes mille fois entendus. La démarche s’inscrit dans l’histoire d’un jazz qui a toujours su faire du nouveau en se réappropriant l’existant. Petit supplément facilitant la spontanéité, le duo invite (c’est déjà le cas sur le disque sorti chez Yolk), un musicien chaque fois différent pour compléter la formation. Cet après-midi, Nelson Veras apporte sa science guitaristique et sa délicatesse de musicien.

On découvre avec plaisir les écarts, les inflexions, les nouvelles propositions que le chant de Le Van fait subir à des titres que nous avons immanquablement dans l’oreille. « Don’t Speak » de Gwen Stefani, « Karma Police » de Radiohead sont vêtus de nouvelles parures qui conduisent la chanson ailleurs et montrent aussi la solidité de la composition par la grâce fragile de la voix du chanteur.

Nelson Veras © Gérard Boisnel

Le public réagit : on n’est parfois pas très loin du karaoké, tant l’envie de partager un bien commun est palpable. Il faut s’en garder pourtant car le saxophone de Darche porte le contrepoint. Il tire le morceau vers une sophistication jamais pesante mais qui donne beaucoup de légèreté et une préciosité au moment. On songe aux lignes mélodiques graciles de Lee Konitz dans cet art d’orner. Derrière, comme un trait d’union, la guitare de Veras égrène des accords, décompose les couleurs et ponctue avec intelligence.

Le geste est spontané, dans l’immédiateté du jeu, la musique découvre une belle fraîcheur. « Comme d’habitude » du pourtant détestable Claude François, par sa fragilité, soudain, touche au cœur. Cette déchirante déclaration d’amour sur le déclin nous est dévoilée comme pour la première fois.