Chronique

Warped Dreamer

Live at Bimhuis

Arve Henriksen (tp, voix, électroniques), Jozef Dumoulin (Fender Rhodes, fx), Stian Westerhus (eg, voix, électroniques), Teun Verbruggen (dm, électroniques)

Label / Distribution : RAT Records

Formation réunissant Belges et Norvégiens, Warped Dreamer n’en est pas à son coup d’essai. A l’initiative du batteur Teun Verbruggen, le quartet réunit des improvisateurs patentés qui se jettent à corps perdu dans des plages débridées sans souci aucun des étiquettes. Il en résulte des humeurs parfaitement variables d’un disque à l’autre.

Si Lomahongva, le précédent disque sorti en 2016 (sur Rat Records), bizn qu’hétéroclite, privilégiait des ambiances éthérées sur une rythmique cabossée où la trompette toujours aussi diaphane de Arve Henriksen apportait beaucoup de poésie, le propos cette fois est radicalement à l’opposé. Particulièrement monolithique, quoique traversée de nombreuses influences (du rock au free), cette prestation enregistrée live façonne des blocs d’intensité dans lesquels instruments acoustiques et électroniques ont la part belle et valeur égale.

Difficile de distinguer qui fait quoi ou qui est où dans cette effervescence permanente où tout est rapidement distordu et saturé : la batterie de Verbruggen, physique et omniprésente, poussant plus encore vers l’avant les entrelacements électriques de Jozef Dumoulin et Stian Westerhus. À coups de riffs rageurs et de nappes sales, ces deux-là participent pleinement à la construction d’édifices sculpturaux, aux nombreuses strates à la fois organiques et cérébrales.

Attentifs à la moindre proposition, les musiciens se connectent à toutes les dérivations proposées pour faire avancer une pensée musicale complexe. Car, aussi surprenant que cela paraisse à la lecture de cette chronique, cette musique est faite de subtilité et d’un soin porté à la nuance. Le déroulement des pistes, en rien convenu, ni en ce qui concerne des pratiques plus codifiées, ni même en ce qui concerne la musique dite “improvisée”, est le résultat d’une écoute mutuelle de la part des musiciens dont l’approche contemporaine des pratiques improvisationnelles est ici particulièrement réussie.