Chronique

Stéphane Payen The Worskshop

In’n’Out / Extensions

Stéphane Payen (as), Olivier Laisney (tp), Bo Van der Werf (bs), Guillaume Ruelland (eb), Vincent Sauve (dm), Nelson Veras (g), Sylvain Debaisieux (ts), Tam De Villiers (g), Jim Hart (vibraphone)

Label / Distribution : Onze heures onze

Deux nouveaux enregistrements viennent compléter la discographie du Worskshop que dirige Stéphane Payen. Entouré d’un quartet avec lequel il travaille depuis 2015 (voir notre entretien), le saxophoniste s’appuie sur un collectif qui donne sens à son projet. Outre une rythmique droite dans ses bottes (la batterie de Vincent Sauve et la basse de Guillaume Ruelland), surtout capable d’installer un groove métronomique suavement décalé et qui affronte avec naturel les chausse-trapes du parcours (rythmiques impaires et ruptures inattendues), la trompette d’Olivier Laisney, à la fois en retenue et éclatante, se mêle au saxophone maîtrisé du leader.

Cette fois pourtant, comme sur More Conversations With a Drum, ce sont les invités qui permettent d’étoffer des compositions complexes et hypnotiques. Les familiers Nelson Veras et Bo van Der Werf sur Extensions ou les nouveaux arrivés : Jim Hart (formidable dans sa manière de poser des nappes au xylophone qui créent un halo d’instabilité sonore), Sylvain Debaisieux (ténor saxophone) ou Tam De Villiers (guitare), sur In’n’Out apportent une dimension orchestrale à cet ensemble franco-britanico-belge qui creuse un sillon qui lui est propre.

Le propos ne s’égare jamais en circonvolutions inutiles et privilégie une ligne claire qui soigne plutôt la densité. Comme distancée avec elle-même, la musique, particulièrement pleine, nous entraîne dans des chemins entêtants qui se structurent autour d’une accumulation de strates, à la fois autonomes et parfaitement articulées entre elles. Ces superpositions, horizontales comme verticales, qui permettent des effets de profondeur ou d’écho, déroutent l’attention et la portent au-delà d’elle-même dans un état de danse physique et intellectuel qui permet de toucher le terrien comme l’aérien.

par Nicolas Dourlhès // Publié le 31 octobre 2021
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