Chronique

Dell – Lillinger – Westergaard

Beats

Christopher Dell – Vibra, Christian Lillinger – d, Jonas Westergaard – b

Label / Distribution : Plaist Music

Le troisième disque du trio berlinois a été enregistré d’une traite, dans un petit studio au début de l’année 2020 : 13 heures en tout, les instruments proches les uns des autres, la pulsation métronomique ancrée dans le rythme intérieur, une osmose temporelle pour une musique en trois dimensions.

Le trio travaille depuis des années sur une grammaire rythmique, inspirée aussi bien de la musique contemporaine que du jazz, de la musique improvisée ou du hip-hop, peu importe, ce n’est pas le problème.
La vraie question pour ces trois musiciens est de trouver le matériau et le plan pour élever une construction musicale à l’architecture rythmique. Le choix des instruments aide à cet édifice. Le métal, le bois et le claquement des cordes et des peaux donnent cette image industrielle propre à la construction. La rondeur du vibraphone, l’onde de la grosse caisse et les vibrations de la basse sont là pour enrober la structure et nourrir le sentiment de matière. C’est ainsi qu’en enregistrant sans discontinuer de larges improvisations, son vaisseau aux mâts guindés de perroquets, le trio a construit une structure qui fait œuvre.

Commence alors un travail de séquençage, de découpage pour en extraire treize petites formes, inspirées dans le propos des « Six Bagatelles » d’Anton Webern, qui sont autant de configurations différentes d’une même matrice.
On retrouve parfois un fil conducteur d’une piste à l’autre, parfois une rupture radicale. Mais tout le long, il y a ce rythme sec, rapide et nerveux qui donne une saveur acidulée à ces séquences qui sonnent avec une modernité explosive.

En plus du vinyle coloré (édition limitée) le CD est vendu dans un étui en métal doré ou argenté qui range l’objet dans la catégorie des précieuses curiosités.

par Matthieu Jouan // Publié le 4 avril 2021
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