Chronique

Dominique Pifarély Quartet

Nocturnes

Dominique Pifarély (vl), Antonin Rayon (p), Bruno Chevillon (cb), François Merville (dm)

Label / Distribution : Clean Feed

À quelques années d’intervalle, ce disque complète un diptyque dont Tracé provisoire, paru en 2016, constituait le premier volet et si la session d’enregistrement, tenue en 2017, ne nous parvient qu’aujourd’hui, le plaisir de la découverte valait l’attente.

Le violoniste Dominique Pifarély conserve en effet son quartet à l’identique et lui donne à parcourir des paysages similaires. Sans être redondant mais avec la souplesse qu’apportent les formations resserrées, il s’engage dans des parcours où s’articulent l’attention à la forme et la pulsation vitale de l’improvisation. Cette dernière générant d’ailleurs son propre cheminement dans un équilibre subtil qui voit l’écriture se tracer, ou tout au moins se préciser, au moment de son interprétation.

Organisé autour du piano d’Antonin Rayon qui, avec discrétion, canalise les énergies de chacun et particulièrement celles de son leader, le groupe distille une musique raffinée qui garde en elle une puissance obscure, habilement mystérieuse. La batterie de François Merville n’est jamais dans l’évidence d’un instrument pulsatile. Elle souligne, ou rend plus tragique encore, les nœuds musicaux de ces pistes qui sont autant d’égarements volontaires que de rencontres évidentes.

Le contrepoint que Bruno Chevillon propose à l’archet de Pifarély sur Nocturnes 3 est un exemple évident de la concordance d’un savoir-faire abouti et d’une entente amicale entre deux individus qui se pratiquent depuis de nombreuses années. Le violoniste nous entraîne dans son art poétique, celui d’une musique exigeante et sensuelle, intelligente et incantatoire.

par Nicolas Dourlhès // Publié le 13 juin 2021
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