Chronique

Henry Threadgill Zooid

Poof

Henry Threadgill (as, flute, bass flute), Liberty Ellman (g), José Davila (tuba, tb), Christopher Hoffman (cello), Elliot Humberto Kavee (dms)

Label / Distribution : Pi Recordings

Vingt ans que le Chicagoan Henry Threadgill, musicien d’envergure, expérimentateur et poète authentique, s’occupe de la formation Zooid. Sorti en 2001, Up Popped the Two Lips compte déjà deux des figures centrales qu’on retrouve sur les sept autres références du groupe. Le guitariste acoustique Liberty Ellman et le tubiste José Davila participent pleinement à la sonorité de cet orchestre chambriste à la musique rêveuse et langoureuse. Entre la puissance du cuivre qui installe le son dans une profondeur suave et les friselis d’une guitare légère et décalée, le groupe avance sur des terrains vaporeux mais entreprenants. Depuis une petite décennie maintenant, le violoncelliste Christopher Hoffman complète cette escouade resserrée de ses attaques tendues, sèches, qui contrebalancent les délicatesses de ses partenaires. Entre tension et détente, comme le veut cette musique.

Soutenue par la batterie discrète d’Elliot Humberto Kavee, Threadgill joue d’un saxophone puissant aux notes choisies et de flûtes mystérieuses. Tout en conservant une personnalité clairement définie, il traverse plusieurs climats où, toujours, le silence est une caractéristique majeure. Comme percé de trous, le champ sonore est ainsi mis en exergue par des associations timbrales déroutantes qui font la valeur du propos. La hiérarchie traditionnelle, la répartition des fonctions n’ont pas ici de raison d’être : chaque identité a droit à sa pleine expression. La direction imposée par de subtiles compositions aux structures discrètes et l’intelligence relationnelle des membres du groupe font de Zooid, une nouvelle fois, une formation atypique et inventive.

par Nicolas Dourlhès // Publié le 14 novembre 2021
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