Chronique

Joachim Kühn trio

Scream for Peace - Biennale de Paris 1969

Joachim Kühn (p, as), Jean-François Jenny-Clark (cb), Jacques Thollot (d)

Label / Distribution : Linoléum

La publication d’un album de Joachim Kühn est en soi un événement. Mais celui-ci a en outre l’intérêt de faire revivre – et quel immense plaisir ! – cette période où le pianiste allemand allait dans un genre débridé et vital. Et c’est d’ailleurs un album bousculant, maniant une certaine brusquerie – c’est notamment le cas de « Scream for Peace » où Kühn est en partie au sax alto – et des plages tendres – deux ballades sur les quatre longs morceaux qui constituent ce très beau disque.

La fougue, la tension, le volume de ce concert au musée d’Art moderne de Paris – tout ce qui relève du cri et du hurlement, en somme – font revivre aussi quelques figures mythiques auprès desquelles Joachim Kühn a développé cette incroyable musique. Le trio, constitué de Jean-François Jenny-Clark et Jacques Thollot – le live date de 1969, une époque où nombre de musiciens convergeaient vers Paris pour révolutionner le jazz – annonce celui avec Daniel Humair et le même Jenny-Clark dans les années 1980.

A l’instar de nombreux albums que Joachim Kühn a enregistrés, dans Scream for Peace l’intensité et l’exaltation convergent vers quelque chose qui relève de la communion. Le mot « mystique » pourrait résumer tout ce qu’il y a dans ce live – si tant est qu’on puisse synthétiser en un seul mot tout ce qui se passe dans les trente-six minutes de ce disque.

En tout cas il faudra regarder avec attention le travail que réalise Marc Sarrazy pour le label Linoleum. Scream for Peace est la première publication d’albums historiques et s’il est suivi d’albums du même genre, il va falloir ranger sa discothèque pour accueillir de nouvelles pépites.