Chronique

Joe Rosenberg Ensemble

Marshland

Joe Rosenberg (ss), Daniel Erdmann (ts et ss), Bart Maris (tp), Arnault Cuisinier (cb), Edward Perraud (dm)

Label / Distribution : Quark

Saxophoniste soprano, Joe Rosenberg dirige un ensemble à géométrie variable qui a signé le disque Ritual & Legends en 2016 (Elu Citizen Jazz), suivi en 2017 de Tomorrow Never Knows également chez Quark Records. Aujourd’hui débarrassé de tout instrument harmonique (exit Bruno Angelini), l’Américain s’entoure d’un second saxophoniste en la personne de Daniel Erdmann et de la trompette de Bart Maris. Cette section de soufflants étoffée apporte ainsi une dimension immanquablement orchestrale sans pour autant contraindre le collectif à une pratique trop dirigiste.

Le long des huit plages de ce disque plutôt court (moins de quarante minutes), ils amalgament leur timbre avec un soin particulier. S’ils ne donnent rien de nouveau à entendre dans les couleurs, ils le font toutefois avec un raffinement dans les textures et un équilibre dans les volumes. La trompette de Maris joue le rôle d’aiguillon en papillonnant autour de tous avec un plaisir volubile qui allège le propos général.On parcourt alors de nombreux territoires sensuels et brûlants : ceux d’un free ouvert aux événements comme ceux d’un swing robuste où chacun y va d’une salve incendiaire. Entrouvrant les portes d’un monde décrispé et apaisé, un son plus lascif s’épanouit enfin sur des canevas parfaitement maîtrisés.

Si la rythmique de l’ensemble reste inchangée depuis les disques précédents, c’est certainement qu’elle constitue le moteur de l’ensemble. La batterie d’Edward Perraud bien sûr, riche d’un éventail de propositions tour à tour ouvertes ou plus rythmiquement cadrées, alimente la dynamique générale de l’orchestre. La basse d’Arnault Cuisinier, surtout, est le pilier inamovible autour duquel tout s’organise. Une assise puissante dans le son et une justesse permanente des interventions dans les intentions comme dans la mise en place en font un solide partenaire.