Chronique

La Litanie des Cimes

Woodlands

Clément Janinet (vln), Élodie Pasquier (cl), Bruno Ducret (cello, voc).

Label / Distribution : BMC Records

Fort d’un premier disque qui avait su séduire et fut défendu sur scène de nombreuses fois, la formation que conduit le violoniste Clément Janinet propose aujourd’hui une suite. Avec le même soin accordé au son acoustique et aux couleurs enveloppantes, ce nouveau répertoire permet d’aller un peu plus loin dans le champ d’investigation qui définit l’identité de ce trio.

C’est en effet une sonorité plus large, plus nerveuse, presque débridée qui accroche d’abord l’oreille, l’expérience partagée entre les trois musiciens ouvrant à une interprétation plus contrastée. En cela, la clarinette d’Élodie Pasquier s’élève avec clarté et une affirmation qui la rend indispensable comme pivot du groupe. Par son expressivité et son lyrisme, elle emporte les émotions de l’auditeur vers des contrées à fleur de peau que le premier chapitre de cette histoire laissait deviner mais n’avait pas réellement appréhendées.

Elle s’appuie, à juste titre, sur des motifs répétitifs et lancinants que Janinet développe depuis quelque temps. Avec des inflexions africaines ou contemporaines (on pense à Steve Reich et aux minimalistes américains comme dans son autre formation Ornette Under The Repetitve Skies), les cordes du violoncelle et celles du violon se répondent et se complètent dans un même geste, tissant des nappes nuancées d’une facture toujours renouvelée.

Ce travail sur l’itération a des effets hypnotiques et produit une musique sensuellement obsessionnelle. L’interprétation de la ballade de blues rural « Triplett Tragedy » par Bruno Ducret à la voix apporte un supplément d’incarnation à ce trio qui n’en manque pas et continue son investigation dans un univers n’appartenant désormais qu’à lui.