Scènes

Lancement de Discobole Records : Sibiel & NHoG

L’Atelier du Plateau accueillait le 27 novembre 2010 la naissance de Discobole Records, petit label à vocation passionnelle, avec des jumeaux : Sibiel et NHoG.


L’Atelier du Plateau accueillait le 27 novembre 2010 la naissance de Discobole Records, petit label à vocation passionnelle, avec des jumeaux : Sibiel et NHoG.

Les murs de l’Atelier du Plateau ont encore changé depuis la dernière fois : les ballons rouges sont à présent au sol et le ciel bleu prend tout l’espace restant. Ça respire. À huit heures, on ne s’entend plus : devant une salle bondée, Théo Girard présente la soirée. Deux trios, quatre instruments, cinq musiciens, un film et deux surprises.

En quelques minutes, dans un court-métrage dont on peut voir une version abrégée sur le site de Discobole, se déploient devant nous les étapes de fabrication d’un disque : maquette, colle, verre, transfert ont donné naissance à 250 jolis exemplaires sérigraphiés à la main de La Douceur de Sibiel et Belle de nuit de NHoG. Quelle bonne idée que de nous avoir montré l’amont de l’objet ! Il prend forme, et la musique avec. Théo Girard est rejoint par les deux autres membres de Sibiel, David Potaux-Razel (g) et Jean-Philippe Feiss (violoncelle) ; s’élève dans le ciel de l’Atelier du Plateau une Douceur poétique, une chaude enveloppe, un rêve passager.

On aurait envie d’écrire un poème pour décrire la musique, mais comment ? Il en faudrait un par personne, plus un pour tout le monde. Une « berceuse » ouvre le bal, délicate, chantée par le violoncelle à l’archet, dessinée par la contrebasse pizz et fleurie par les effets de la guitare électrique. Tout est subtil, fin, ciselé par un travail d’orfèvre. Le chant des archets est souvent trituré par une guitare électrique parfois un peu zélée. Si l’on devait exprimer un regret, ce serait que la musique, si subtile, en arrive à manquer de corps. Plutôt horizontale, elle suscite l’envie – presque érotique [1] – d’être prise à bras le corps, soulevée, tendue, mordue, pénétrée. Elle manque d’à-coups, de trous, de prises ; elle est tellement belle qu’elle en devient lisse. C’est avec la guitare acoustique que disparaît ce regret : « La pluie » donne à entendre une profondeur et une épaisseur réjouissantes – une magnifique réussite !

Et la surprise ? C’est l’exemplaire portant le n°1. Lancé dans les airs les yeux fermés, le collector atterrit entre les mains d’une spectatrice ravie. Les cris et les rires nous réveillent d’un songe d’une nuit d’automne. On se lève, on salue, on prend un verre, on se raconte, on se rasseoit. NHoG prend la place avec Théo Girard, toujours, en maître de cérémonie, Nicolas Naudet aux clarinette et clarinette basse et Stéphane Hoareau à la guitare. L’atmosphère demeure mais les couleurs changent. On vole au-dessus de multiples paysages : orientaux, percussionnistes, rock, ventés… Cette fois, c’est un film que l’on voudrait réaliser pour représenter la musique. Elle pourrait très bien avoir été composée pour une histoire dont le point de départ serait une femme en robe rouge sang qui marche dans la nuit noire, une histoire visuelle et tactile : les textures sonores se caressent et s’entrechoquent – davantage sur le disque qu’en concert d’ailleurs, pour cause d’abondante postproduction. L’ensemble est recherché sans être abscons, imagé sans être aveuglant, mélancolique sans être triste. Bref, subtil. Un adjectif qui semble être la marque de fabrique des premiers disques Discobole.

Et le n°1 ? C’est au fond de la salle qu’il retombe, des cris, des rires, et c’est la fin.

par Raphaëlle Tchamitchian // Publié le 19 décembre 2010

[1Il n’est que d’observer de plus près les sensuelles collines de la pochette. Saluons au passage le travail de la graphiste Cécile Gerin.