Chronique

Laurent Coulondre

Gravity Zero

Laurent Coulondre (p), Martin Wangermée (dm), André Ceccarelli (dm), Cyril Atef (perc), Yoann Serra (dm)

Label / Distribution : Sound Surveyor

Le lutin des quatre-vingt-huit touches est de retour et ça fait mal. Il se livre ici avec une simplicité lyrique bienvenue : reconnu comme l’un des jeunes maîtres des claviers, auréolé d’une Victoire du Jazz, Laurent Coulondre propose un voyage sans fioritures qui donne simplement envie de chanter. Car si ce nouvel album ne mobilise aucun registre vocal (on sait qu’il peut aussi exceller dans l’art de l’accompagnement, notamment aux côtés de la chanteuse Laura David), les musiciens ici réunis ne cessent d’inciter à fredonner, à danser voire… à hurler (de joie).

Sens du swing délicieusement ellingtonien de-ci (avec un André Ceccarrelli en grande forme), sens du riff façon jazz-rock de-là (ah ce motif envoûtant sur « Egyptian Queen »), avec évidemment des gourmandises funkyssimes, sans oublier un tropisme latin qui ne sombre jamais dans la caricature (« Vamos Tio », très silverien)… saupoudrez le tout d’une appétence tribale, renforcée par les percussions chamaniques de Cyril Atef (« Suspension Bridge ») et vous obtenez un cocktail détonant, paradoxalement toujours léger – et c’est heureux.

Le duo formé par le claviériste avec le batteur Martin Wangermée (ah ces rolls de caisse claire, ce son de grosse caisse…), formant l’ossature de ce disque « sans gravité », s’inscrit résolument dans un univers jazz contemporain façon Snarky Puppy, sans pour autant ignorer les racines dansantes et envoûtantes des notes bleues, naviguant entre relaxation acoustique et tensions électriques voire électroniques, tout en gardant le cap de la jubilation.